Aarch sentit un rayon de soleil lui caresser la joue. Sa joue barbue. Adim l'aimait rasé, mais Adim n'était plus là, Asha non plus. Laissant échapper un r?le, il se retourna dos à la lumière. Le réveil indiquait déjà midi et il n'était pas prêt de se lever. A vrai dire, il songeait à rester enfoui sous la couverture toute la journée : quoi de plus normal lors de son dernier jour de répit avant son nouveau travail ? De nouveau embauché comme coach au Genèse, ce n'était plus les Snow Kids qu'il allait entra?ner, mais les Galctik Kids, une jeune équipe prometteuse.

Cependant, une journée passée au lit ne lui apparut pas comme la meilleure fa?on de conserver sa forme. Bougonnant et d'un pas lourd, il se dirigea finalement vers la cafetière. L'affreux bruit de roulement, que sa vieille machine à café émettait, acheva de le réveiller. Il se servit un grand bol de café br?lant et, dans un soupir, s'affaissa sur la petite chaise en bois qui manqua de faillir. L'odeur si coutumière du café le transporta vers une douce mélancolie. Il revoyait Adim, lui souriant timidement, soufflant sur son thé au jasmin encore chaud. Il revoyait Asha qui buvait goul?ment son biberon. A cette époque, tout semblait lui réussir, sa vie était comblée : un job de rêve, une femme aimante, une petite fille adorable. D'un coup, plus rien. Le noir, le désespoir, le vide. Les pleurs d'Asha, les disputes, les ? T'étais où hier soir ? ?, la suspicion, la méfiance, la défiance : l'implosion d'un couple qui se croyait heureux, bonheur fondé sur un malentendu, un mensonge, plusieurs mensonges, un mirage. Cet amour n'avait été qu'une illusion qui, trois ans après, se brisait, volant en éclats sur ces quelques paroles ? Aarch, il faut qu'on parle... ?. Désormais, le seul lien qui le rattachait à Asha était cette vieille photo un peu cornée qu'il gardait près de lui.

Sa famille n'était plus là. Il était seul. Seul avec ses remords. Peut-être allait-il pouvoir se racheter auprès des jeunes Galactik Kids ? Trouver une nouvelle raison de vivre ? Oublier Adim, ces promesses, ces souvenirs, cette souffrance ?

La sonnette retentit. Il sursauta. En grommelant, il se redressa et se dirigea vers la porte en tra?nant des pieds. ? Non mais j'hallucine ! Ils font même de la pub le dimanche maintenant ? ?. Une fois arrivé devant le seuil de la porte, alors que le tintement se faisait plus empressant et sa colère plus bouillante, il eut un très, très mauvais pressentiment. Il tourna la poignée et fit face à un Artegor tout sourire qui, dans sa bonne humeur matinale, s'exclama avec enthousiasme : ? Aarch, il faut qu'on parle ! ?

C'était vraiment une journée de merde.