Bonjour à vous, j'espère que vous allez bien et bienvenue sur cette deuxième fic !

Je ne suis pas sur ce site depuis très longtemps et j'avoue que j'ai été assez étonné de constater qu'il y a aussi peu de fics sur Silent Hill, et encore moins en fran?ais. Surtout qu'il n'existe aucun écrit sur mon opus préféré de la série, à savoir Shattered Memories (même si le 3 est quasi ex-aequo, il faut dire que j'adore Cheryl/Heather.)

Pour écrire cette fic, je me base sur les tests effectués tout au long du jeu, entre les niveaux où l'on joue Harry, pour arriver à ce qui, pour moi, est la meilleure fin. Je n'avais effectivement pas envie d'abuser sur le drama, vu que je trouve que c'est une histoire assez triste comme ?a. Et puis, que ce soit dans le 3 ou Shattered Memories, Cheryl/Heather a vraiment besoin de c?lins et je me sens pas de lui infliger plus de mal que ?a x)

C'est Silent Hill, donc vous vous y attendez sans doute, mais vu les thèmes abordés, je préfère profiter de cette fic pour attirer l'attention de ceux qui, comme la protagoniste de cette histoire, ont des problèmes psychologiques ou ont vécu des événements traumatisants qui peuvent conduire, entre autres, à la dépression et aux conséquences que cela peut engendrer. Même si cela peut prendre du temps et que ?a n'a pas l'air très efficace au départ, la première étape vers la reconstruction, c'est d'en parler. A vos amis, à votre famille, à des gens en qui vous avez confiance, à des spécialistes, ou peu importe. Mais si au départ cela peut sembler inutile, cela montre que vous n'êtes pas seul ! Même si cela semble impossible de s'en sortir, que quelque chose au fond de vous vous dit que personne ne pourra comprendre ce que vous ressentez, sachez qu'il y aura toujours quelqu'un qui sera prêt à vous aider et qui vous veut du bien.

Je vous embête pas plus longtemps, voilà le premier chapitre ! Bonne lecture !


? Bonjour, Cheryl. Installez-vous, je vous en prie. ?

Comme il le lui a demandé, elle s'installe timidement sur le fauteuil en face de celui dans lequel le docteur Kaufman s'assoit. Cet endroit est impressionnant. En fait, toute la Lighthouse Clinic est assez différente de ce à quoi elle s'est imaginée. Certes, pas au point de ressembler à Alchemilla, mais un peu dans le même genre, tout de même. Lui aussi est assez classe et décontracté, pour un psychiatre. Avec le verre de whisky qu'il vient de se verser, elle le voit bien avoir suffisamment de charisme et de conversation pour séduire toutes les femmes à son go?t qui viennent dans son cabinet. Au moins, elle n'a pas l'air d'être son genre. A vingt-cinq ans, une femme commence à cerner le regard de ces hommes qui ne sont intéressés que par le sexe, et ce n'est pas ce qu'elle voit dans ses yeux. Au contraire, il semble être plut?t amical. Sans doute pour la mettre en confiance, mais elle a choisi de venir ici, après tout.

? Je suis content que vous soyez venue. ? reprend-il d'un ton compatissant, mais assuré. ? Cela montre que vous êtes motivée, et c'est déjà un premier pas vers la voie de la guérison. ?

A cela, elle a envie de rétorquer ? oui et non ?, mais elle préfère se taire. D'ordinaire timide et introvertie, Cheryl est du genre à ne vraiment exprimer ses pensées que quand elle se sent suffisamment à l'aise, et c'est loin d'être le cas. Cela lui a d'ailleurs valu bon nombre de problèmes, d'où le fait qu'elle soit ici aujourd'hui. Effectivement, elle a envie d'aller mieux, mais elle n'est pas tout à fait certaine que ces sessions chez un psychiatre soit d'une grande utilité. C'est sa mère, Dahlia, qui l'a convaincue d'y aller, mais pour elle, ce qui marcherait le mieux, ce serait plut?t prendre la voiture et foncer tout droit vers le lac Toluca pour couler tout au fond et ne pas pouvoir remonter à la surface. Elle a failli le faire la semaine dernière, d'ailleurs, mais la seule chose qui l'a retenue, c'est que sa mère garde les clés avec elle tous les soirs, dans sa chambre, et qu'il est difficile d'essayer de les chaparder. Alors elle a pensé à d'autres moyens de laisser parler sa douleur, sans vraiment être capable de véritablement se lancer. D'abord, comme beaucoup de jeunes, elle a pensé à la scarification, mais ses vacances à Caldecotte Woods et l'accident qu'elle a eu en se coupant avec du verre quand elle était petite l'avaient dissuadée de retenter l'expérience. Il y avait aussi la surdose de médicaments, mais son séjour à Alchemilla l'avait dissuadé d'y retourner, et ce n'était pas une méthode qui marchait à tous les coups, tout comme la pendaison, d'ailleurs.

? A ce qu'on m'a dit, les autres thérapeutes n'ont pas réussi à vous aider ? ? s'enquit le psychiatre, sans vraiment chercher de réponse. ? Je peux vous assurer que cette fois-ci, ce sera différent. Nous ferons ?a à votre rythme. ?

C'est ce qu'ils disent tous. Elle en est persuadée. Elle ne l'a pas forcément entendu de la bouche des précédents psys qui se sont intéressés à son cas, mais leurs intentions étaient les mêmes. Se mettre au service de la personne, se montrer compatissant, avoir l'air concerné par ce qu'elle dit… pour qu'au final, ils s'en foutent complètement, et elle aussi. Jusqu'à maintenant, ?a a toujours été une perte de temps. Sa mère lui dit que c'est parce qu'elle n'y met pas assez du sien, qu'elle ne se confie pas suffisamment. Et puis quoi encore ? Aucun d'eux n'a été capable de résoudre ses problèmes, cela signifie bien qu'elle est un cas à part, que c'est une cause perdue et que la seule chose à faire, c'est en finir, définitivement. Elle non plus ne la comprend pas, de toute fa?on, alors qu'elle est sa propre mère, son sang, putain de merde !

Non, il n'y a qu'une seule personne qui pourrait être en mesure de l'écouter et de l'aider à traverser toutes ces épreuves. Mais il est loin, maintenant. Maman et lui ne s'aiment plus, alors il a préféré la laisser pour éviter qu'elle ne le voit triste constamment. Elle ne lui en a jamais voulu, pour ?a. Parce que c'est son héros.

? J'aime mon papa ! ?

Elle se souvient encore de cette cassette qu'elle regardait en boucle, où Harry Mason, son père, jouait avec elle, et que sa mère tenait la caméra. Ils ont fait les quatre cent coups ensemble pendant si longtemps. Son père, c'était son meilleur ami, son héros. Et elle, c'était sa princesse, sa petite chérie avec qui il partageait tout. Cet écrivain hors pair lui racontait sans arrêt de magnifiques histoires pour l'aider à s'endormir, des rumeurs les plus effrayantes aux contes les plus beaux, voire même des anecdotes insolites sur la petite bourgade de Silent Hill. Il lui promettait parfois qu'ils se rendraient aux endroits qu'il mentionnait pour vérifier tout ce qui se racontait là-bas. Certes, tout cela n'était que des canulars, mais il arrivait sans arrêt à rendre sa vie un peu plus magique.

? Mais moi, je ne prendrai pas de notes. ? continue le docteur Kaufman. ? Je ne vous ferai pas prendre de médicaments, et je ne vous parlerai pas de ces théories ridicules qui circulent dans ce milieu, vous n'êtes pas là pour ?a. ?

Le regard absent de Cheryl change quelque peu. Pour une fois, quelque chose l'intéresse dans ce qu'il dit. Pour commencer, elle n'aurait pas à prendre des pilules foireuses qui lui donneraient des rêves bizarres. Parfois, elle avait juste l'impression de ne venir aux rendez-vous que pour prendre des drogues qui lui faisaient constamment faire des bad trips. Une fois, elle avait rêvé qu'une espèce de rouille bizarre avait envahi tout Silent Hill, et qu'elle était envahie par des monstres repoussants qui voulaient lui faire la peau. Autant prendre de la weed, à ce stade, c'était un peu plus cool. Même si les rares fois où elle en a fumé – elle préfère les simples cigarettes, comme sa mère avant qu'elle n'arrête – elle avait l'impression que la fumée qu'elle rel?chait quand elle tirait une taffe enveloppait les alentours, jusqu'à ce qu'un épais brouillard recouvre complètement l'horizon. Rien qu'imaginer une combinaison des deux lui donnait froid dans le dos.

? Ce qu'on va faire, c'est qu'on va revenir au début, et qu'on va essayer de comprendre tout ce qui s'est passé. ? annonce le psychiatre, avant de sortir de sa poche un papier qu'il déplie et pose sur le bureau. ? Ce sera le seul formulaire que vous verrez de toute votre thérapie, promis. Répondez honnêtement, c'est plus facile. ?

Encore un test… Cheryl réprime un soupir, mais elle prend le formulaire ainsi que le stylo posé sur le bureau. Au moins, il n'y en aura qu'un, ce n'est pas si mal. Si elle devait gagner de l'argent à chaque fois qu'on avait d? lui faire passer un test, elle aurait pu acheter une maison à Simmons Street. Elle parcourt rapidement les questions et hausse les sourcils. Pour le coup, c'est plus inhabituel que ce à quoi elle a eu affaire jusqu'à maintenant. Certaines relèvent même de l'ordre de l'intime, et elle se sent plut?t mal à l'aise à l'idée d'aborder ?a dès la première session. Cela dit, cela la surprend et elle se sent presque contrainte à répondre honnêtement, cette fois-ci. Finalement, ce formulaire ressemble au docteur Kaufman lui-même. Apparemment détaché et s?r de lui, qui a l'air de pouvoir aborder n'importe quel sujet avec un calme olympien… et pourtant, il est concentré sur son objectif, à savoir, le rétablissement de Cheryl. Ses membres commencent à trembler légèrement, anxieuse. Cependant, elle comprend qu'il va falloir qu'elle joue cartes sur table, qu'elle soit complètement sérieuse. Il l'emmène dans des endroits où elle n'a pas envie d'aller, mais c'est peut-être ce qu'il faut si elle a besoin d'aller mieux. Après tout, elle n'a jamais essayé cela. Maintenant qu'elle est devant le fait accompli, il faut qu'elle assume et qu'elle réponde à toutes les questions. Alors elle coche au fur et à mesure les questions qui se présentent à elle, même les plus dérangeantes. Et au final, voici à quoi ressemble le résultat :

Je me fais des amis facilement. Oui [ ] Non [X]

Prendre de l'alcool m'aide à me détendre. Oui [ ] Non [X]

Je suis à l'écoute des sentiments des autres. Oui [X] Non [ ]

Je préfère les idées abstraites. Oui [X] Non [ ]

J'aime jouer un r?le pendant une relation sexuelle. Oui [ ] Non [X]

Je préfère être organisé dans mon travail. Oui [ ] Non [X]

Je n'ai jamais trompé mon/ma partenaire. Oui [X] Non [ ]

Silencieuse, elle tend la feuille à Kaufman une fois qu'elle a terminé. Elle baisse la tête, ne voulant aucunement voir sa réaction. Répondre à certaines questions a déjà été suffisamment difficile comme ?a. Au final, elle n'a été habituée qu'à répondre à des interrogations du genre de la quatre et la six. La première est revenue quelquefois, de même que la troisième, mais c'était assez rare. Mais tout ce qui relevait de l'ordre du sexuel, jamais. Surtout que ?a parle de fidélité et de jeux de r?les. Pas vraiment le genre de trucs que l'on aborde quand on fait connaissance avec quelqu'un, même pendant une thérapie.

Mais elle l'a fait, cette fois. Toutes les réponses sur ce formulaire sont entièrement vraies. Et s'il ne le croyait pas, il n'a qu'à demander à sa mère, elle pourra confirmer tout ce qui est dessus.

? Vous n'avez jamais été infidèle ? ? s'étonne-t-il. ? Vraiment ? ?

? Je n'ai jamais eu beaucoup de chance en amour, alors tromper quelqu'un… ?

Dans d'autres circonstances, elle aurait répondu que même si elle est dépressive et qu'elle a eu de nombreux problèmes dans sa vie, ?a ne l'empêche pas d'avoir des principes et qu'elle n'aime pas faire souffrir les gar?ons avec qui elle est sortie. Sauf que cet entretien est parfaitement sérieux pour elle. Elle n'a aucune idée de ce qui va en résulter, si elle va finir par revenir à ses anciennes habitudes ou si elle va vraiment s'en sortir, mais pour le moment, elle compte bien rester honnête avec Kaufman et avancer. Si elle a besoin de s'arrêter, elle le fera. Ce ne serait pas la première fois, de toute fa?on.

? Bien s?r, je comprends. ? répond le psychiatre en posant la feuille sur un buffet un peu plus loin. ? Nous allons donc pouvoir commencer. Je vous écoute, dites-moi ce dont vous avez envie de parler. N'importe quoi, même ce qui vous vient à l'esprit. ?

Cela ressemble plus à de la psychanalyse qu'à de la psychiatrie, mais pourquoi pas. C'est une nouvelle approche, donc autant tenter l'expérience.

? Je ne sais pas… ? fait Cheryl, cherchant dans ses pensées. ? Je suppose que je dois parler de ma petite enfance ou un truc du genre ? ?

Le psychiatre se contente de hausser les épaules et de rester silencieux. Pas très utile, comme réponse. Mais elle va faire avec.

? Mes parents ont divorcé quand j'étais très jeune, je devais avoir sept ans, je crois. ? commence-t-elle. ? Et quand papa a quitté le Maine un peu après, il a eu un accident de voiture. Il va mieux maintenant, mais je ne l'ai plus revu depuis. Je crois que c'est parce qu'il a glissé sur la neige et qu'il s'est pris un poteau. Je n'en sais pas plus, mais il a toujours été prudent au volant… Il a d? être distrait à cause de moi. ?

Elle baisse lentement la tête. Dire que c'est à cause d'elle que son père a failli mourir. A vrai dire, en y repensant, c'est aussi à cause d'elle que ses parents n'arrêtaient pas de se disputer. Ils avaient d'autres problèmes, évidemment, mais au fond d'elle-même, il y a cette petite voix qui lui répète sans cesse qu'elle est la cause de leurs malheurs.

? Mais il va bien, maintenant. ? conclut la jeune femme. ? Il me manque, mais je sais qu'il va bien, donc j'arrive à vivre avec. ?

Elle sait que pour certains, y compris sa mère, ce qu'elle dit peut para?tre assez insensé. Même si le psychiatre fait mine de ne pas le montrer, il est assez perplexe, lui aussi. Mais c'est ce qu'elle ressent. Certes, elle n'est pas la fille modèle, loin de là, mais au moins, son héros ne la voit pas dans cet état. Et c'est mieux ainsi. Elle le décevrait s?rement beaucoup s'il découvrait ce qu'elle a fait. Il n'aurait pas aimé la voir fumer, sécher les cours, voler à l'étalage au centre commercial de Toluca, savoir qu'elle est sortie pendant un temps avec un de ses professeurs, quand elle était encore au lycée, à Midwich. Et il y avait aussi la fois où certains de ses camarades avaient pris des photos d'elle sous la douche après le sport, ou cette autre fois où elle avait été droguée et où on l'avait incité à se déshabiller dans les bois. Et plus récemment, d'autres incidents plus graves encore. Des affaires judiciaires dont il vaut mieux ne pas parler pour l'instant.

? D'accord, je crois qu'on va s'arrêter là, dans ce cas. ? décide enfin Kaufman, à la surprise de sa patiente. ? Déjà, si vous avez pu parler de l'accident de voiture, c'est un premier pas. Peut-être que c'est à force d'en avoir parlé à mes confrères, mais cela aurait été bien plus dur avant. ?

Il a probablement raison, mais d'un autre c?té, Cheryl peut toujours sentir quelque chose lui serrer la poitrine quand elle en parle. Sans doute est-ce la preuve que cette blessure dans son c?ur ne s'est jamais vraiment cicatrisée. Comme beaucoup d'autres. Elle baisse un peu la tête, se retenant de ne pas pleurer. Elle ne devrait pas faire ?a.

Son père s'en est sorti, après tout, pas vrai ?


Et voilà pour ce premier chapitre, j'espère qu'il vous aura plu ! N'hésitez pas à laisser une petite review, ?a fait toujours plaisir quand on met une de ses créations à la vue de tous.

Je réitère ce que j'ai pu mettre en intro, parce que je pense qu'on ne le dira jamais assez, surtout dans ce genre de fic, mais quand on est atteint de dépression ou d'autres troubles psychologiques provoqués par ce genre d'événements, parlez-en à quelqu'un, je me permets d'insister là-dessus. Même si ?a n'a pas l'air ? grave ? pour certains, vos sentiments sont ce qu'ils sont et il vaut mieux essayer de les exprimer de fa?on positive plut?t que les contenir et s'enfoncer toujours plus en pensant qu'il n'y a personne pour vous atteindre. Même si vous êtes isolés, il y a des numéros où vous pouvez parler à des professionnels de fa?on anonyme.

Prenez soin de vous et à bient?t pour le deuxième chapitre.