Titre : L'Imprévu

Fandom : Good Omens (livre)

Rating : T

Genre : Kid fic, fluff et angts, mystère

Personnages : Aziraphale et Crowley pour l'instant (bon et l'Imprévu)

Notes : Pas à moi. Well, ce livre est plus vieux que moi.


Crowley est un optimiste forcené. L'Apocannulée et le reste de leurs jours sont des preuves assez tangibles que les problèmes peuvent et valent la peine d'être surmontés (sauf le XIVe siècle qui mérite d'être fui le plus vite possible, de préférence dans une voiture parce que Crowley a toujours du mal avec les animaux). Cependant, il est aussi conscient que l'univers a un humour tordu qui se manifeste que lorsqu'on ne s'y attend pas, des blagues vaseuses qui, elles, attendent sur le pas de la porte. Crowley manque de s'y prendre les pieds. En fait, il se les serait certainement pris si la vue d'un panier d'où s'échappe un petit bruit n'avait pas eu l'effet d'une madeleine de Proust au go?t ?cre. Le genre de saveur qui rend difficile l'acte d'avaler sa salive, une action anecdotique, sauf dans la fiction où elle prend une dimension plus dramatique, acquérant des lettres de noblesse qu'elle n'a nulle part ailleurs. Crowley Avale Difficilement Sa Salive donc, avant d'avancer la main vers ce qui aurait d? être le duo journal-lait. Il ouvre avec une lenteur étudiée le panier pour y voir exactement l'objet de sa peur, ce qui resserre avec une efficacité impressionnante le n?ud dans son estomac.

Un panier se tient là, sur le seuil d'un cottage près de la c?te, à la place de la bouteille de lait et du papier journal. Dans ce panier, il y a quelques mots écrits sur un papier d'une blancheur diaphane, mais ce n'est pas ?a que Crowley regarde. Ce n'est pas ?a qui fait tambouriner sa poitrine et qui invite la panique à une fête surprise éternelle avec buffet à volonté garanti.

Un panier se tient là, à la porte d'un cottage.

Dans le panier, un bébé dort à poings fermés. Le mot évoqué plus haut se trouve, lui, presque dissimulé dans les plis de la petite couverture chaude qui recouvre l'enfant.

Crowley ne le touche pas, du moins, il ne s'aventure pas à aller au delà d'un simple fr?lement de peur de réveiller le nourrisson avec un contact glacial. Il n'a aucune envie de rajouter des cris perceptibles à n'importe quelle oreille sensible aux hurlements sourds qui cavalent dans son cr?ne. Un ?il note enfin le papier. Une main hésitante le saisit et l'ouvre. Des yeux courent plusieurs fois sur les mots écrits avec un soin admirable, comme pour en saisir le sens. Du moins, un sens différent de ce qui est effectivement ordonné sur la missive.

? Il n'est ni la Seconde Venue du Christ ni l'Envoyé de Satan ; un bébé 100% humain. Faites une fois de plus ce que vous avez réussi de mieux dans vos carrières conjointes : faites-en un homme décent. ?

Crowley n'a jamais voulu chuter. Il s'est retrouvé métaphoriquement les pieds dans le tapis à la suite d'amitiés un peu douteuses et quelques questions mal venues. Cependant, il a toujours eu une fierté assez grande à l'endroit de ses actions démoniaques. Après tout, en avance sur son temps, il a voulu laisser tomber l'artisanat des ?mes pour voir plus grand et plus large.

Comment ne pas être fier de ?a ?

Il se retrouve donc un petit peu vexé par ce qu'implique le mot. En effet, sans dire que le projet conjoint a été un échec, il n'en demeure pas moins qu'il n'a réussi que parce qu'Aziraphale et lui se sont fourvoyés dans les grandes largeurs. La possibilité pour que la situation soit une farce passe et s'échappe rapidement de son cr?ne.

Ils ont mis une distance respectueuse entre Adam et eux. Avec une petite pointe d'affection. Toute petite. Crowley est toujours conscient que le gamin peut effacer l'idée même de leur existence d'un claquement de doigt. La fille à la bicyclette et son cher et tendre sont en Amérique pour une conférence. Shadwell n'a aucun humour et celui de l'Enfer comporte plus de souffrances physiques. [1]

Madame Tracy étant exclue d'office puisqu'elle... eh ben, c'est Madame Tracy, il ne reste qu'une Entité sur la liste des suspects.

Celle au plan Ineffable.

Crowley n'est seulement qu'un peu vexé parce que le reste de son être se retrouve rempli de Terreur, de Questions, d'un Besoin Urgent de ranger la maison de fond en comble en triant tout par ordre alphabétique et, surtout, d'une envie très pressante d'Hurler.

Des années en arrière, il a envisagé d'abandonner le panier contenant l'Antéchrist, sans pour autant le faire parce que sans avoir de principes, tout démon qu'il est, Crowley n'aime pas s'en prendre aux enfants. Du tout. Il n'hésite pas à prendre le panier avec le bébé d'une main et refermer la porte avec ce qui lui reste de sang-froid. C'est-à-dire relativement peu, mais que voulez-vous, il n'a aucune envie d'entendre un cri de si bonne heure. Il n'a jamais été très amateur de ?a, de toute manière. En essayant le plus possible de ne pas perturber le sommeil de l'Imprévu du jour, il s'applique à traverser la distance entre le couloir et le salon le plus rapidement possible.

Le nom d'Aziraphale lui br?le la gorge, la griffe comme un animal sauvage qui veut retrouver sa liberté. Il ouvre la porte d'un coup de pied sec, interrompant la lecture matinale de son compagnon.

Ce dernier se contente de lever la tête pour lui jeter un regard équivoque et, ma foi, très britannique qui couvre un large spectre allant de ? est-ce bien nécessaire, très cher ? ? à ? J'espère que tu me déranges pour une bonne raison cette fois. ?

Les regards d'Aziraphale ont toujours eu une efficacité incontestable pour faire sentir à Crowley que ce n'est pas le bon moment d'interrompre la sacro-angélique lecture. D'habitude, ils sont agrémentés d'une pique bien sentie qui resserre le large spectre évoqué plus t?t afin de rendre le message encore plus saisissant. Cependant, ce n'est pas un jour ordinaire, alors pour une fois, le regard glisse sur les lunettes noires comme de l'eau sur les plumes d'un canard et le panier ouvert se retrouve posé sur la table.

- Regarde ??a, siffle Crowley en désignant l'enfant, puis en rajustant la couverture pour qu'il n'attrape pas froid. Cce n'est pas du lait et encore moins du papier journal. En fait, sss'il porte une nouvelle, elle n'est pas écrite...

- Manifestement, commente Aziraphale, les yeux écarquillés fixés sur un point précis.

- Enfin si, continue Crowley, il y a quelque chose d'écrit, tiens.

Aziraphale prend le papier tendu d'un geste étudié et le lit rapidement. Son visage se fait songeur alors qu'il regarde de nouveau l'Imprévu qui dort encore dans le panier. Il passe la main sur son menton. Les rides aux coins des yeux se creusent davantage. Un silence nerveux s'installe, se roule entre eux comme un chat sauvage se dorant au soleil, avant de partir quand l'ange ouvre sa bouche :

- Voilà qui est f?cheux.

Une ligne de tension se forme sur sa m?choire et un soupir se fait entendre. Ses yeux se posent sur Crowley, une lueur bien connue brillant dans son regard.

Le démon retient son ? qu'est-ce qu'on fait maintenant ? ? parce qu'il observe la résignation prendre place sur le visage de son compagnon. Il anticipe déjà sa réponse, voulant la contrer de toutes ses forces.

- Tu peux le dire. Je ne sais pas pour toi, mais je n'ai pas vraiment envie de me farcir encore une fois l'éducation d'un humain, a fortiori, sans notre petite équipe pour nous seconder.

- Tu veux dire, faire le travail à notre place, relève avec une pointe d'ironie taquine l'ange.

Un petit sourire se forme sur ses lèvres, ce qui est mauvais signe.

Cependant, même s'il note ce détail, Crowley affiche un air détaché et confiant qui trompe assurément tout le monde.[2]

- L'intérêt d'être secondé, c'est de refiler le travail aux autres. Allons, tu connais mes méthodes.

- Certes.

Crowley attend le reste de la phrase, tout ce qu'Aziraphale lui dirait en une autre occasion. Cependant, il ne prononce pas un mot. Crowley peut voir les rouages en train de se mettre en branle dans l'éclat bleu de ses yeux. Des réflexions, des idées naissent et prennent forme gr?ce à l'étendue infinie du vocabulaire angélique. Néanmoins, Crowley se doute bien que la conclusion est dangereusement proche de se résumer à ? Ineffable ?. C'est, en soit, très contrariant. Le démon veut profiter de sa semi-retraite anticipée maintenant mise en péril par l'écho pas si lointain de cette litanie familière. Sans compter que le mot lui rappelle que le Ciel les regarde, peut-être aussi l'Enfer, pourquoi pas.[3]

Il faut que l'Imprévu s'en aille.

Crowley a besoin d'un plan pour ?a. D'abord, l'éloigner subtilement des mains angéliques[4], hors de question que l'ange tienne l'enfant dans ses bras, il risque de lui venir des choses ridicules à l'esprit comme ? S'attacher ? ou ? Faire une Bonne Action. ?

Ensuite, Crowley continue de creuser davantage, dressant métaphoriquement des pièges et des embuscades :

- En plus, il s'agit vraiment d'un humain cette fois, un vrai de vrai. Seul qui plus est.

- Et alors ?

- Si on accepte, il sera entièrement à nous. Oh, bien entendu, avec un peu de chance, dans quelques années, il pourra voler de ses propres ailes, mais ?a ne changera rien. Que ce soit maintenant, dans vingt ans ou soixante ans plus tard, il sera à nous avec tout ce que ?a implique. Et puis, quel intérêt d'élever un humain pour nous ?

Aziraphale le détaille du regard, soudain hésitant, ce qui provoque une once de satisfaction dans les yeux de Crowley. Il ne sourit pourtant pas, notant la manière dont les yeux p?les se posent encore une fois sur l'enfant. Ce petit détail fait na?tre une envie impérieuse de cacher le panier sur la table, même si ce serait une erreur stratégique, Aziraphale voudrait immédiatement le prendre dans les bras, ce qui compliquerait davantage les choses.

- Tu as bien vu le mot, Crowley.

- On ne parle pas d'élever le gamin, juste d'en faire quelqu'un de décent. On peut le surveiller de loin. On l'a déjà fait.

- Et qu'est-ce que tu projettes de faire ?

- Il est mignon. Je suis certain qu'il trouvera facilement une famille. Il se pourrait même qu'un miracle se produise et qu'il en trouve une parfaite qui habitera dans le village.

L'Imprévu choisit ce moment pour sortir de sa torpeur à la grande mortification de Crowley dont le sourire se crispe en une hideuse grimace. Le visage chiffonné, la surprise du matin s'agite, des flots de larmes coulant sur ses joues. Exactement ce que Crowley a voulu éviter. Conscient qu'il n'a pas d'autres solutions, il ne pose même pas un regard sur l'ange et prend maladroitement l'Imprévu dans ses bras. Il lui faut quelques instants pour comprendre comment le faire sans avoir l'impression que ses mains tremblantes vont l?cher l'objet de son attention sur le sol.

Le c?ur battant, Crowley soulève davantage l'Imprévu pour le regarder attentivement. Encore au stade de larve humaine, il pousse des cris discordants qui se répercutent contre les murs de la pièce, sans doute parce que ses bras sont encore trop courts pour pouvoir taper dessus. Crowley est sur le point de tirer un large trait sur la perspective de le trouver mignon. Les joues sont rouges, le visage creusé par les sillons de larmes, de la morve coule du nez et la bouche semble grandir à chaque seconde, laissant échapper des cris de plus en plus désespérés.

Crowley avale difficilement sa salive, tenant tant bien que mal le dos et la tête. S'il doit être honnête, il a entendu des hurlements plus atroces en Enfer ou, pire encore, pendant l'Inquisition Espagnole. La situation n'en demeure pas moins désagréable pour autant.

Crowley n'a jamais été très friand des cris d'enfants, surtout les plus petits, ceux qui ne peuvent pas se défendre ou s'enfuir.

Il amorce un début de geste pour bercer l'enfant, le cerveau concentré sur un seul but : arrêter les cris avant qu'ils ouvrent les bo?tes rangées dans les recoins les plus sombres de son esprit. Celles qui sont scellées et marquées ? ne jamais ouvrir même en cas de désastre ? en larges lettres écarlates.

Aziraphale choisit ce moment-là pour s'approcher doucement, un biberon rempli de lait miraculeusement apparu dans sa main. Crowley se retient de reculer, laissant l'ange tenir la tête du bébé, ses doigts couvrant les siens avec une tendresse qui n'a aucune importance. Malgré le calme apparent dont fait preuve Aziraphale, Crowley remarque la tension persistante sur le visage, l'éclat pensif des pupilles. Peu à peu, les cris disparurent à son grand soulagement, en effet, après des essais infructueux, l'Imprévu comprit la fonction du biberon. Il le tète avec avidité, ses doigts boudinés se levant de temps à autre pour taper contre le plastique. Crowley n'a jamais compris comment une larve humaine fonctionne. Il suppute que c'est aussi le cas pour les autres humains en général, sinon ils auraient été incapables de mettre au point des tortures raffinées comme une salle d'attente bondée où quelques marmots pleurent sans arrêt, accentuant stress et frustration. Une des nombreuses preuves que les hommes ne cessent de se nuire mutuellement.

Loin de s'intéresser aux visions de larves humaines déversant cris, pleurs et autres moyens d'extorsion élémentaire, Aziraphale se penche sur la surprise du matin. Crowley avale sa salive quand il reconna?t la lueur dans le bleu-gris des yeux angélique. S'il ne prend pas les devants, dans quelques temps, une chambre va appara?tre par miracle, ainsi que plusieurs objets. Dont la majorité en tartan. Le cauchemar en motif carré sur fond de cornemuses encore plus stridentes que les ch?urs célestes.

- Regarde comme il bave, dit-il d'un coup. Ce serait dommage que tes livres connaissent une fin tragique. Sans parler des dents. Je veux dire, un bébé a besoin de se faire les dents. Tu imagines ce que ?a peut donner des dents et de la salive sur une de tes éditions originales ?

Un autre se sentirait coupable d'utiliser ainsi la faiblesse d'Aziraphale, mais pas Crowley. Il reste un démon. Un démon qui veut conserver son petit confort, son coin personnel, raison pour laquelle il a voulu empêcher l'Apocalypse. Raison pour laquelle il veut que l'Imprévu soit hors de sa vue.

- Et pense à ta précieuse vaisselle, au mobilier, aux heures de lecture que tu perdras. Aux festivals que tu manqueras et ceux qu'il te g?chera quand il sera assez grand pour qu'on l'emmène, mais pas assez pour apprécier. Finalement, quand il le sera, il ne restera que quelques années pour avoir enfin un peu de bon temps. Et puis ensuite…

- Ensuite ?

Crowley secoue sa tête, tout en évitant soigneusement de penser au petit corps fragile contre lui, à la fa?on dont le visage rond se plisse d'une joie simple et brute. Au petit être qui dépend tellement d'une aide extérieure. Le démon se mord la lèvre, puis, ouvre une bo?te à l'intérieur de son esprit, une petite, perdue dans le noir :

- Tu te souviens de l'oiseau qui veut s'aiguiser le bec ?

- Toujours le même ?

- Oui, oui… eh ben, il n'a pas encore atteint la montagne pour le faire.

- Je ne suis pas étonné. Comme je l'ai dit, il ferait mieux de prendre un vaisseau spatial, commente pince sans rire l'ange.

- Et entre temps, il a eu un ?uf.

- Voyez-vous ?a.

- C'est un bel ?uf, il est tout rond et il a … des t?ches, continue Crowley sans se soucier de l'interruption.

- C'est quelle espèce d'oiseau déjà ?

- Peu importe. L'important, c'est qu'il a maintenant cet ?uf alors qu'il n'a pas encore fait la moitié du chemin pour rejoindre la montagne ou un sixième. Un neuvième plut?t.

- S'il a un ?uf, il ferait mieux de rester au nid, surtout s'il est prêt à éclore.

- S'il n'a pas le bec aiguisé, il ne pourra pas chercher de la nourriture pour le poussin de toute fa?on.

- L'oisillon plut?t, ce sont les poules qui ont des poussins.

- Encore une fois, peu importe. Surtout que voilà… quand il quitte le nid, l'?uf tombe.

- Il tombe ?

- Oui et… il s'écrase sur le sol. Plus de pouss… d'oisillon, plus d'?uf, rien qu'une grosse flaque.

- C'est affreux, dit Aziraphale, mortifié.

Crowley secoue la tête, de nouveau aussi confiant qu'on puisse l'être quand, après un rot, le petit humain se blotti contre votre torse, biberon oublié. D'ailleurs, le dit biberon g?t maintenant sur la table, près d'un livre tout aussi délaissé.

- Tu l'as dit. Aucun moyen de revenir en arrière par miracle. Il devra voler seul en ayant la grosse flaque qui le suit. Je veux dire, dans la tête. Tu imagines le poids que ?a lui fait quand il vole, alors qu'il aurait pu être si léger si l'?uf n'avait pas été là en premier lieu ?

Aziraphale reste silencieux, le visage figé dans une réflexion pensive qui ne satisfait pas entièrement Crowley. Il ne sait pas pourquoi, mais cela n'a aucune importance. Le bébé promène ses doigts sur sa chemise et essaie d'attraper sa cravate pour une raison inconnue. Il l'observe du coin de l'?il ce bébé, avec ses yeux ronds très bleus, son petit visage expressif et curieux. Il a ce c?té mignon des bambins qu'on tient plus de quelques minutes sans qu'ils se chiffonnent et éclatent en sanglots. Quand on aime bien les enfants, évidemment, ce qui est malheureusement le cas de Crowley. C'est une des ramifications de son éternel défaut en tant que démon : il aime bien les gens. Les enfants, donc, ne l'ont jamais dérangé. Après tout, ils ont bien des fois contribué innocemment à son travail. Certes, les bébés ne correspondent pas à son stade préféré de l'espèce humaine, mais cette phase ne peut pas durer si longtemps…

Crowley se morigène, retient un juron et manque de reposer le bébé dans le panier. Il se contente de le serrer davantage, tout en balan?ant doucement ses bras parce qu'il a vu ce geste se répéter à l'infini aux cours des six derniers millénaires. Parfois, une chanson accompagne le tout. Concernant Crowley, un petit sifflement s'échappe de sa gorge sans qu'il y réfléchisse. Le bébé rit au lieu de pleurer. Le démon se contente juste de lever les yeux au ciel, tout en continuant de le bercer.

Une expression particulière passe sur son visage lorsqu'il remarque l'enfant en train de s'endormir. Les lèvres de Crowley forment l'ombre d'un sourire sans qu'il le veuille et un éclat tendre luit dans le jaune des pupilles. Puis, tout manque de se briser quand la main d'Aziraphale passe doucement sur le front encore chauve du Petit Imprévu.

Une bile amère se forme soudain dans la gorge démoniaque et remonte jusqu'au nez lorsque Crowley croise les yeux d'Aziraphale. Oh, ils sont aussi gris-bleus que d'ordinaire, mais ils ont maintenant une lueur qu'il n'aime pas, celle des résolutions aux racines solides. Ces idées tenaces et folles qui vous convainquent que tout ira bien quand vous vous engouffrez dans un mur de flammes.

- On ne peut pas le garder, souffle-t-il comme pour raviver une braise infernale.

- A cause de l'?uf et l'oiseau, c'est ?a ?

La voix d'Aziraphale est aussi un souffle. Contrairement à celui de Crowley, il ne cherche pas à embraser quoique ce soit. Au contraire, il est apaisant, teinté d'une mélancolie familière de plusieurs siècles.

Il se penche sur l'enfant, pendant que Crowley avale difficilement sa salive. Puis, ses épaules se raidissent et il manque de siffler. La main angélique est toujours sur le front du Petit Imprévu quand le démon reprend, plus suave que jamais.

- C'est ?a. Tu ne veux pas voir un ?uf s'écraser, n'est-ce pas ?

- Excuse-moi très cher, mais il me semble que ce soit surtout ton cas, soulève finalement Aziraphale avec un calme profond et ferme.

Sourcils froncés, Crowley s'empresse de répondre :

- Mais qu'est-ce que tu vas imaginer, voyons ?

L'expression d'Aziraphale vaut toutes les réponses du monde, contient à elle seule l'entièreté des répliques sarcastiques possibles, resserre le terrain des tentatives de fuite. Elle est très proche de sa cousine, celle des moments où Aziraphale veut rester seul et où Crowley doit s'occuper de ses plantes, s'il-te-plait, merci. Elle n'est pas si lointaine d'une autre, celle qu'il a eue lorsqu'ils ont d? choisir entre s'enfuir et combattre Satan en personne.

Crowley se souvient encore de sa main dans la sienne, de l'écho de leurs adieux à peine voilé, de cette impression étrange de paix et de détermination qui l'a saisi à ce moment-là. Il n'avait plus rien à perdre. La terre était sauvée. Aziraphale était là.

Il était libre.

- Ecoute, je…

Soudain, le bébé s'agite, se crispe, pousse des gémissements. Crowley sent la panique monter. Il se concentre sur le Petit, souffle d'une voix douce et sifflante des mots qui n'ont presque aucun sens :

- Hé là, ?a va, tout va bien, tout va bien…

Il coule un regard vers Aziraphale qui affiche un subtile mélange d'affection et d'amusement. Il para?t même sur le point d'éclater de rire.

- Tiens, tu ne veux pas faire en sorte qu'il fasse de beaux rêves, par hasard ? Ce n'est pas un truc d'ange ?

- Je trouve que tu t'en sors à merveille, commente Aziraphale sans pitié.

Le sale petit salaud.

Crowley lui adresse un regard éloquent, plein de ? n'espère pas t'en tirer ainsi ?. Il s'en va s'asseoir sur le canapé parce qu'à force, les jambes en viennent presque à lui manquer. Une fois cela fait, il regarde le Petit qui maintenant pousse des gazouillis à en faire succomber plus d'un. D'ailleurs, tout en s'approchant, Aziraphale affiche une expression attendrie des plus irritantes.

- Tu as raison, il est mignon, soulève-t-il d'une voix plus douce.

- C'est ?a, oui, grogne Crowley.

- Il trouvera sans doute une famille dans le village.

- Et au pire, un miracle fera bien l'affaire, dit Crowley par automatisme.

Le Petit rit quand il appuie légèrement sur son nez, ce qui n'est pas déplaisant. La main de Crowley se retrouve ensuite à caresser la joue avec douceur, pendant que son visage s'adoucit légèrement. Les yeux bleus du bébé ne le quittent pas, surtout quand il se penche sur lui. Les paroles d'une ancienne berceuse glissent sans difficulté. C'est une des chansons tendres qu'on chante aux enfants dans le noir, une de celles dont la langue survit à peine encore aujourd'hui, mais dont une mémoire immortelle garde la trace. Certaines choses ne sont pas faites pour être oubliées. Une main potelée se lève légèrement, comme pour essayer d'attraper une des mèches noires sans que Crowley s'en soucie.

- A moins qu'on le garde, propose Aziraphale avec la voix des décisions difficiles.

- Pour faire plaisir à ton supposé ancien patron, c'est ?a ? siffle Crowley d'une voix amère. N'étions-nous pas supposés en avoir fini avec ?a ? Plus d'interférence, plus d'influence, plus rien ? Seulement nous deux ?

- Je te ferais remarquer que c'est surtout Adam qui nous a dit que nous n'aurions pas d'ennui. En théorie, nous sommes encore à leur service.

Levant la tête, il jette un regard furibond à l'ange.

- Oh très bien, j'imagine que tu ne diras rien si dans quelques temps, je remplis aussi les missions que l'Enfer va m'envoyer, place soudain Crowley, plein d'aigreur. Et pourquoi ne pas revenir à nos bonnes vieilles routines... quoique non, mon c?té n'aura pas oublié Ligur aussi facilement, donc je risque un petit stage de rééducation auparavant. ?a risque d'être très instructif.[5]

Les yeux bleus-gris s'élargissent sur le visage d'Aziraphale qui affiche une expression surprise, puis choquée, comme lorsqu'on réalise quelque chose qu'on aurait d? voir depuis longtemps. Sa bouche s'ouvre, puis se ferme. Pendant un court instant, à peine une poignée de seconde, une expression douloureuse se faufile sur les traits, puis s'efface. Pourtant, l'ange est bien prompt à poser sa main sur l'épaule du démon. Il n'est pas exactement brutal, n'a rien de violent, mais il y a quelque chose de ferme dans sa poigne. Une assurance inébranlable brille dans ses yeux. Pourtant, sa voix est calme, basse et profonde quand il se remet à parler.

- Allons, ils ne vont rien t'envoyer. Nous n'avons pas eu de problème à présent, nous n'en aurons pas après.

D'autres mots suintent dans ses paroles, comme des lettres à moitié effacées, sauf que la situation est inversée. La promesse est d'autant plus forte qu'elle flotte dans l'air, qu'elle se ressent dans la fa?on dont les doigts se pressent sur l'épaule. Après un moment de surprise, Crowley couvre la main d'Aziraphale, les ongles s'enfoncent dans la peau et se pressent avec autant de force, sinon plus. Cela compte comme une réponse, au moins à ses yeux. Il sait qu'Aziraphale comprendra. Après tout, les deux camps ne sont que deux faces du même échiquier.

L'ange et le démon se regardent longuement, jusqu'à ce que le dernier rompe le contact, se plaigne encore une fois. Peut-être une dernière fois, il ne sait pas.

- Mouais, je ne pensais pas non plus qu'au bout de quelques années, on aurait de Ses Nouvelles et regarde ?a !

D'un geste vif, il désigne le Petit d'un élan dramatique.

Le bébé en question cligne des yeux, de plus en plus calme. Il para?t si frêle dans ses bras, un petit bout de rien qui a besoin de quelqu'un, qu'importe qu'il soit occulte ou non.

Crowley rajuste la couverture et le serre davantage, recommen?ant à le bercer sans y penser. Peut-être même qu'il chantonne à nouveau une berceuse aux mots à moitié oubliés. Ce n'est que lorsque l'enfant semble dormir pour de bon qu'il repense à relever la tête, croisant l'expression tendre d'Aziraphale. Crowley avale sa salive, sentant toujours un brin de tension au creux de sa gorge. Le démon reprend la parole d'une voix basse, comme lorsqu'on parle à demi mots de blessures secrètes.

- Ne te sens pas obligé de le garder juste parce que ton Patron L'a envoyé.

- Je ne me sens pas obligé de le garder. De plus, si c'était le cas, ce ne serait pas pour mon ancien Patron, comme tu le dis, coupe Aziraphale d'une voix sérieuse, le regard lourd.

Perplexe, le démon fronce les sourcils.

- Ah, comment ?a ?

Les joues rouges, l'ange fait une mine embarrassée, avant de toussoter d'un air digne, comme seul un anglais le ferait pour se sortir d'une situation qu'il juge bien trop délicate et ce sans se départir de sa politesse. Sa main quitte l'épaule de Crowley à ce moment-là. Lorsqu'il reprend la parole, sa voix et son regard n'ont plus l'intensité d'il y a quelques minutes.

- Par ailleurs, je n'ai jamais re?u une mission qui s'approche de près ou de loin à notre situation.

Crowley ricane en passant une main dans ses cheveux, coin?ant quelques mèches derrière son oreille.

- Alors, c'est quoi, un cadeau tombé du ciel ?

- Je ne sais pas.

- Moi non plus. Nous sommes bien avancés, grogne le démon.

Il lève les yeux au ciel, puis les baisse sur l'Enfant qui sommeille, sur la main qui fr?le sa joue, veillant à ne pas le réveiller. Crowley laisse faire Aziraphale, observant la fa?on dont la paume couvre maintenant une bonne partie du petit visage.

- S'il était immortel, est-ce que tu voudrais le garder ?

Crowley met quelques minutes avant de répondre :

- Il l'est peut-être, on ne sait pas…

- Il n'y a qu'une fa?on de le savoir, tu sais ?

- Mouais...

A ces mots, Crowley se mord les lèvres, évite le regard, se concentre ailleurs. Pas sur l'Enfant, évidemment. Il suit plut?t les coins d'ombre que projette la lumière tamisée du salon, la longue rangée de livres aux couvertures en cuir brun, jaune ou rouge, les grains de poussière qui subsistent encore et voltigent dans les airs. Cela ne l'empêche pas de sentir aussi nettement qu'il est possible ce poids dans ses bras, d'entendre des petits ronflements discrets. Sans y prendre garde, les yeux jaunes se fixent sur le livre posé sur la table, celui qui n'est pas si loin d'un biberon. Toujours sans y prendre garde, une idée fuite, passe entre les interstices et tente de prendre racine.

Un nom, souffle-t-elle, il lui faut un nom. Crowley la chasse d'un revers de la main. Un nom n'est pas une affaire à prendre à la légère.

Doucement, Aziraphale passe une main autour de son cou, se cale contre lui et Crowley s'attend presque à ce qu'il l'embrasse. A la place, Aziraphale se contente de caresser du bout du doigt la main minuscule sur la couverture. Quelque part, Crowley préfère que les choses soit ainsi.

- Et toi alors ? Tu le garderais ?

- Si tu le veux.

Crowley siffle sombrement et foudroie l'ange du regard, les yeux n'étant plus qu'une fente derrière les verres noirs, les traits sont tirés et tendus, sur le point de rompre l'étreinte.

- Ne dis pas ?a. S'il-te-plait.

Aziraphale a le bon go?t d'hésiter un peu, avant de répondre :

- Oui, je le garderais. Cependant, l'avis ne dépend pas que de moi.

- Comme je l'ai dit, nous voilà bien avancés, grince le démon, en se détendant néanmoins.

L'ange soupire tout en continuant de glisser ses doigts sur la main boudinée, la rendant encore plus petite par comparaison. Un petit sourire flotte sur son visage, alors qu'il propose d'une voix douce :

- On peut attendre un peu. Rien ne presse et dans tous les cas, on veillera sur lui. Autant réfléchir un peu sur la manière dont on va le faire.

Crowley hausse les épaules, puis reste pensif. Peu à peu, il se cale contre Aziraphale, une de ses mains entourant lentement celle du Petit.

- On n'a qu'à le mettre dans la pièce près de la chambre.

- Celle qui sert d'infirmerie pour tes plantes ?

Encore une fois, un sifflement se fait entendre, mais il n'y a pas cette note sinistre qui s'y est glissée. A la place, un rire s'y cache à peine.

- Salle d'isolement, s'il-te-plait. Il ne leur reste pas grand chose avant qu'elles soient complètement irrécupérables et traitées comme elles le méritent.

- Oui, bien s?r, c'est pour ?a que chaque matin, tu vas les voir pour vérifier lesquelles peuvent retourner avec les autres, avant de revenir soigner le reste.

- Je te trouve bien désagréable aujourd'hui, mon ange. Ce n'est pas mon ancien c?té qui vient de nous balancer un cadeau empoisonné.

- Oh, je t'en prie, mon cher, rappelle moi quel c?té nous a envoyé Adam ? demande Aziraphale le plus innocemment du monde.

- Tu triches, ?a ne compte même pas comme un cadeau ! gronde Crowley d'un ton accusateur en le pointant du doigt.

- Bien s?r que si ! C'est un gar?on charmant et d'après ton ancienne nonne satanique, bébé, il avait d'adorables petits petons.

- Tu vas le crier sur tous les toits peut-être ? grince Crowley qui n'aime pas penser à cette bonne s?ur ou tout satanique en général.

Surtout ceux qui ont une fascination malsaine pour les pentacles, les poulets noirs et les pieux, les accumulant dans cet ordre pour mieux les presser de toutes parts.

- En plus, elle avait tort, lance le démon sans y réfléchir, souhaitant effacer certains souvenirs de sa tête.

- Comment ?a ?

- Bah, ses pieds n'étaient pas plus adorables que ceux d'un autre, elle l'a dit seulement parce que c'était le fils du Patron. En soi, à ce moment-là, c'était juste un petit bébé tout ce qu'il y a d'ordinaire. Au moins physiquement.

- Ah oui, je me souviens de ton fameux discours sur le potentiel maléfique et bénéfique de l'enfant, maintenant. C'était un bel argumentaire, tu sais...

Crowley hausse les épaules, mais sourit, enfin serein.

- Je sais... on avait bien bu ce soir-là.

Aziraphale acquiesce et dépose enfin un baiser sur la tempe de Crowley dont le rictus ne cesse de grandir.

- C'est la perspective d'élever un enfant qui te rend ainsi Aziraphale ? On aurait peut-être d? adopter plus t?t. J'aurais pu prendre le bébé en trop si j'avais su, cela nous aurait évité une belle pagaille.

L'ange contient difficilement un gloussement.

- Non, non, entre l'enfant et l'Apocalypse imminente, cela aurait été une belle catastrophe.

- Je ne te le fais pas dire, répond du tac au tac Crowley, avant de d'embrasser le coin de la bouche de l'ange, sa joue et finalement son nez.

La surprise passée, Aziraphale rayonne d'une joie profonde et répond au baiser par un sur les lèvres, sur la joue et au creux du cou lorsque le démon lui caresse les cheveux. Finalement, lentement, pour ne pas le réveiller, il lui met l'Enfant dans les bras.

- Tiens, prends-le, c'est ton tour... siffle avec amusement Crowley en voyant l'air abasourdi d'Aziraphale.

Evidemment, il ne met qu'une fraction de seconde avant de regarder le Petit dans ses bras avec un mélange d'attendrissement et de douceur. Evidemment. Lorsque Crowley se lève, il dépose un dernier baiser sur le front, sa main caressant la joue écarlate de l'ange.

- Où vas-tu ?

- Préparer le déjeuner. J'en profiterai pour jeter les indésirables.

- Sauf si tu peux les soigner, insiste l'ange avec tout le manque de pitié dont peut faire preuve le paradis.

- Encore une fois, tu es désagréable, mon ange.

- Certes, consent Aziraphale, tu m'en vois navré.

- Tu n'en penses pas un mot et nous le savons tous les deux, achève Crowley avec un sourire avant de s'en aller.

S'il jette un dernier regard au Petit qui dort maintenant dans les bras d'Aziraphale, cela n'a aucune importance. Il a des ?ufs au plat à faire, des plantes à terroriser et une chambre à préparer avec le moins de tartan possible.

Quand il ouvre la porte de la future chambre, il jure devant le papier peint miraculeusement changé, tout en motif tartan beige, blanche, bleu et rouge. Cependant, il n'est pas étonné.

Etre un ange n'a jamais voulu dire être un imbécile.

Quand il rentre de nouveau dans le salon en tenant un plateau, Aziraphale affiche l'air serein et satisfait des joueurs de poker connaissant sur le bout des doigts leurs adversaires. Il jette un regard affamé sur le plateau de petit déjeuner avec ses tomates bien rouges, ses toasts, bacons, ?ufs, crêpes et quelques tranches de saumon crus au chorizo. Avec en accompagnement des tasses de thé fumantes évidemment.

- Tout ?a a l'air délicieux, très cher.

Dans le salon, accompagné d'une tasse de chocolat chaud, tenant le bébé dans un de ses bras, Aziraphale lit à voix basse. Son visage a l'air satisfait et serein des stratèges bien au fait des tactiques ennemies.

Crowley ne lui montre qu'un sourire crispé.

- Merci, dit-il en posant le plateau sur la table. Tiens, tu vas devoir poser le Bébé maintenant.

Un claquement de doigt plus tard, un berceau en bois de noyer d'un noir rutilant tr?ne près d'Aziraphale. De longues sculptures finement ouvragées de serpents coulent le long du berceau, naviguant entre les volutes squelettiques et les spirales tortueuses, se rejoignant à la tête du lit pour enlacer un ange aux ailes déployées. Contrastant avec le noir du bois, les draps sont d'un rouge chatoyant, identique à celui de la moustiquaire où sont brodés mille serpents prêts à se déverser sur l'ange.

Le regard circonspect d'Aziraphale passe du berceau à Crowley dans un silence de plomb et de perplexité, avant qu'il pose avec douceur le Petit. Le rictus du démon a rarement été aussi large.

- Et bien entendu, il a une garde-robe assortie.

- Etait-ce vraiment nécessaire ? réplique aussit?t Aziraphale en commen?ant à boire son thé.

- Bien s?r que non, mais c'est amusant, répond Crowley en s'affaissant sur le canapé comme un gros chat noir prêt à ronronner.

- Tu es irrécupérable, commente l'ange avec une fausse solennité qui fait rigoler le démon.

- Toi de même, mon ange, toi de même !

- Qu'est-ce qui ne faut pas entendre, fait mine de s'offusquer l'ange, avant de reprendre son thé pour cacher un sourire.

Tout en riant, Crowley le couve du regard avec une expression qui vaut tous les mots, les serments et les confessions de bien des mondes. Evidemment, des restes d'amusement se lisent encore sur son visage, mais l'ange sent autre chose sous le vernis de la taquinerie. Il sourit en reposant son thé après avoir savourer les plats. Détendus, ils abordent des sujets plus communs, plus ordinaires. Après tout, ils ont un petit quotidien commun maintenant, des petites habitudes qu'ils apprécient.

Dans son berceau de noir et de rouge, un bébé dort à poing fermé dans le cottage d'un ange et d'un démon.


Notes:

[1] En fait, il comporte presque que des souffrances physiques. C'est pour ?a que l'Inquisition Espagnole a autant trouvé gr?ce (!) à leurs yeux. ?a et le fait d'assombrir davantage l'?me des fanatiques tuant pour le compte du Seigneur D'En Haut Et De Toutes Choses Amen. Crowley savourerait davantage l'ironie s'il n'avait pas vu lesdites tortures de ses propres yeux. Et surtout si les humains n'avaient pas inventé pire après. Les électrodes... pourquoi ? Mais enfin pourquoi ?

[2] Surtout lui-même dirait Aziraphale, mais cette histoire n'offre pas encore son point de vue.

[3] Il Lui a tenu tête et l'Enfer tient toujours une liste aussi noire que les ténèbres, après tout...

[4] A la manucure parfaite, cela va de soi.

[5] Dans ce contexte là, cela implique ouvrir son dossier sur l'Inquisition et lui faire subir les multiples sévices un à un et puis, tous en même en temps. Puis, laisser mariner le tout dans un puits, avant de recommencer.

Cette fic est inspirée par un drabble de Malurette !