Bonsoir tout le monde,

Je viens de retrouver un ancêtre dans mon disque dur. Un Bonus écrit il y a un loooong moment et que j'ai juste adoré écrire. Il se passe seize ans après la mort d'Enora et je voulais écrire quelque chose de touchant, de beau. Je m'étais imaginé Tristan en père et je voulais écrire ce que ?a pouvais donner. J'espère que ?a vous plaira et vous surprendra aussi ;)

Je ne l'ajoute pas à la fiction d'origine car je ne souhaite pas alourdir la fiction qui possède déjà assez de fichier à mon sens. Sauf si ?a en perturbe certain(e)s alors je l'ajouterai.

Bonne lecture.

Tristan et Yseult.

Tristan essaie de toutes ses forces de ne pas céder à la colère qui menace de s'emparer de lui. Deux yeux d'un bleu vert unique le regardent avec appréhension, le poussant à redoubler d'effort. Ces yeux qu'il aime tant risque de se remplir de larmes s'il cède à son c?té sombre. Et il préférerait mourir que de la faire pleurer.

-C'est hors de question, répond-t-il alors simplement, les dents serrées.

-Mais père, tu dois bien te douter que ?a finira par arriver.

-Inutile d'insister Yseult !

La concernée se renfrogne, son doux visage prenant une expression amère. Yseult, fille de Tristan et Enora, parvient en général facilement à ses fins. Son père lui a toujours donné ce qu'elle demandait. Du haut de ses seize ans, Yseult a bien compris pourquoi il agissait ainsi. Elle ressemble comme deux gouttes d'eau à sa mère. Les cheveux blonds indisciplinés, les yeux entre le bleus et le verts et même la taille limitée. Entre la ressemblance et la culpabilité d'être resté enfermé la première année de la vie de sa fille, Tristan est incapable de refuser la moindre chose à son enfant adoré.

Sauf quand il s'agit d'admettre que sa fille est dorénavant une femme avec les désirs qui vont avec. Comme se marier. Son père se ferme comme une hu?tre et son regard devient aussi froid que la mort. Mais cette fois-ci, Yseult a refusé de le laisser ranger cette discussion dans un placard. Alors, elle a convié ceux qui, elle l'espère, deviendront ses beaux-parents ainsi que celui qu'elle aime. Ce qui n'a pas plu du tout à son père.

-Moi, je ne vois où est le mal, réplique l'homme en haussant les épaules avec flegme.

-Bors, ne te mêle pas de ?a ! s'énerve Tristan.

Ce dernier peste intérieurement. Il fallait que ce soit le fils de Bors. Enfin, l'un des fils de celui-ci. Pas que Tristan aurait accepté un autre homme mais, que ce soit le fils de Bors est encore pire. Surtout ce fils. Ce dernier essaie d'ailleurs d'ouvrir la bouche pour parler mais Yseult lui donne un coup de coude dans l'estomac, le réduisant au silence.

-Je l'aime et je veux me marier, s'écrie la jeune fille en abattant son poing sur la table. Bon sang, tu devrais comprendre, tu aimais maman plus que tout au monde !

-Justement, siffle Tristan sombrement.

-Tu es tellement têtu, crie Yseult en se relevant.

Sur ces paroles, elle prend la main de son prétendant et le tire derrière elle pour quitter la maisonnette. Le jeune homme adresse une grimace d'excuse à l'assemblé avant de dispara?tre avec la blonde.

Vanora soupire en se passant une main sur le front. La plupart de leur onze enfants ne pose aucun problème. Mais le petit dernier ne cesse de tourmenter sa pauvre mère. Il a grandi avec Yseult, devenant frère et s?ur de lait. Vanora a honoré la mémoire de son amie en prenant soin de sa fille comme si c'était la sienne, la nourrissant en même temps que son gar?on bien qu'il soit plus ?gé. Ils ont ensuite commencés leurs bêtises ensembles. Là où il y avait du grabuge, ces deux enfants n'étaient jamais loin et rarement innocent. Est-ce que Vanora s'attendait à ce qu'ils tombent amoureux ? Peut-être un peu. Est-ce qu'elle pensait que Tristan réagirait mal ? C'était même une certitude. Mais comment lui en vouloir ? Yseult est tout ce qu'il a.

-Tristan, ils sont amoureux et assez responsable pour te demander la permission, avance Bors avec malaise.

-Et je devrais être au comble du bonheur qu'il ne l'épouse pas après lui avoir fait onze enfants ? Où espérer qu'elle soit de meilleure constitution que sa pauvre mère si ton fils est aussi acharné que toi à se reproduire ?

Bors pourrait mal prendre les paroles de son ami mais, au fond, il comprend. Enora est décédée en donnant naissance à leur unique enfant. Yseult a l'air aussi fragile physiquement que sa mère. Tristan est en droit de s'inquiéter.

-Il fallait vraiment qu'elle veuille ce gar?on précisément, soupire Tristan. Comme si voir grandir ma fille n'était pas assez compliqué il faudrait que j'accepte qu'elle se marie à l'homme qui porte le même nom que moi ! Pourquoi tu as fait ?a d'ailleurs ?

Bors hausse les épaules alors que Vanora s'empêche de rire. Cet ours s'est résolu à tenir sa promesse et a trouvé un nom pour chacun de leurs enfants. Il n'a cependant pas fait preuve d'une grande originalité. Une de leur fille s'appelle Enora. Quant aux gar?on, Bors a continué sur sa lancée. L'un d'eux s'appelle Lancelot, un autre Dagonet, un autre Arthur et le dernier… Tristan. Le onzième. Celui que Yseult souhaite épouser. Au grand malheur de son père.

-Enora aurait été heureuse de ce mariage, avance Bors.

Tristan et Vanora ricanent de concert et Bors se renfrogne. Enora aurait arraché la tête du prétendant et l'aurait mise au bout d'une pique devant leur maison à Tristan et elle. Menace aux futurs prétendants espérant conquérir sa fille. Parce qu'Enora était aussi possessive que Tristan mais bien plus passionnée dans ses réactions. Et ils le savent tous les trois.

-Bon, peut-être pas, admet Bors. Mais elle aurait d? ! C'est un bon gar?on et il l'aime vraiment.

-Et bien ?a lui passera, réplique durement Tristan. Ou pas d'ailleurs, ce n'est pas mon problème.

Il congédie finalement ses invités imposés, voulant mettre fin à ce débat inutile. Vanora s'arrête quelques secondes et lui sourit avec douceur.

-Yseult a le caractère de sa mère, le prévient la femme. Je te souhaite bien du courage.

Tristan pousse un soupir à rendre l'?me en fermant derrière eux. Un peu plus tard, Yseult revient, un air douloureux dans le regard. Elle prend place près de son père au coin de la cheminée et lui prend la main.

-Tu trouves cela difficile parce que je suis ta fille ou est-ce parce que je ressemble tellement à maman ?

-Les deux, admet Tristan.

-Je ne serais pas loin.

-C'est toujours non, Yseult.

-Je sais. Je n'aurais pas du crier, je suis désolée.

La concerné soupire et regarde les flemmes. La vérité c'est qu'elle est capable de faire vivre un enfer à son père pour le pousser à dire oui. Mais qu'elle ne fera rien sans son accord. S'il continue à dire non pendant dix ans, Yseult restera près de lui à tenter de le convaincre.

-Tu as aussi mauvais caractère qu'elle, fait remarquer Tristan.

-Je sais, répète la jeune fille et son père lui lance un regard d'incompréhension. Merlin m'a montré des souvenirs de maman.

-Tu continues à passer du temps avec ce vieil homme ? se rembrunit Tristan.

-Il m'aide à ma?triser mes dons de guérison, rappelle la blonde.

Car si Enora avait des facultés à ma?triser les éléments, Yseult a des dons de guérison impressionnant.

-J'étais heureuse de la voir, sourit la jeune fille avec émotion. Cela la rendait plus réelle pour moi. Maman avait un tempérament à enflammer un village entier, rit Yseult.

Son rire s'étouffe cependant en voyant son père se décomposer, bien qu'il détourne rapidement son visage pour tenter de se cacher. Yseult a soudainement envie de pleurer. La douleur de Tristan est étouffante et parfois la jeune fille se demande comment il réussit à vivre avec. Elle sait que si son père est toujours de ce monde, c'est uniquement parce qu'elle est là. Si sa mère était morte sans donner naissance à un enfant, Tristan l'aurait rejoint dans la seconde. Yseult le sait. Et seize ans plus tard, il en est toujours ainsi. La blonde n'a jamais vu son père approcher une femme mise à part Vanora et Guenièvre. Il n'a que peu de contact avec les épouses de Gauvain et Galahad. Yseult est la seule raison de vivre pour son père.

-Pourquoi ne pas te trouver une femme ? insinue Yseult avec maladresse. Je ne t'en voudrais pas d'avancer. Et je doute que maman t'en tiendrait rigueur.

-Enora savait qu'il n'y aurait jamais personne d'autre. Quand je la retrouverai, je veux pouvoir la regarder en face et lui dire que même en ayant vécu une vie sans elle, il n'y a jamais eu qu'elle. Ta mère et moi sommes de ses personnes qui ne se lient véritablement qu'une fois. Et quand nous trouvons cette personne, il n'y a pas de retour en arrière possible. Lancelot était pareil même s'il voulait prétendre à qui voulait le contraire. Et je sais que tu es comme ?a, toi aussi.

-Il a dit que tu pouvais l'appeler onze jusqu'à la fin de sa vie, avance Yseult avec humour.

Tristan lance un regard d'avertissement à sa fille qui arbore un sourire taquin. Les yeux de l'homme tombent sur le collier au cou de sa fille et il le caresse.

-Je vivrais cette vie pour toi, explique Tristan. Et quand cette vie prendra fin, je rejoindrais ta mère et nous pourrons avoir notre vie à nous, enfin. Sans combat, sans choix impossible. Une vie simple.

-Et je rena?trais, assure Yseult avec ferveur. Je retournerai dans le ventre de ma mère et nous pourrons enfin vivre ensemble tous les trois.

Tristan sourit avec un amour infini à sa fille. Si belle, si mature et compréhensive. Elle n'a jamais reproché à son père ses manquements. Yseult conna?t ses faiblesses et ne les lui a jamais reproché. Il n'a parlé qu'à elle de sa certitude de revoir Enora. Tristan conna?t l'accord. Prendre soin de cet enfant et protéger la Bretagne jusqu'à sa mort. Et alors il sera récompensé. Sa fidélité lui donnera accès à une deuxième chance de vivre avec celle qu'il aime une vie paisible.

-En attendant, quand comptes-tu me laisser me marier ?

Si Yseult ne le tue pas avant.

-Tu ne pourrais pas attendre que je meurs ?

-Papa, s'exclame la jeune fille, outrée.

-Et bien, dans une vingtaine d'années me semble envisageable.

Yseult lève les yeux au ciel mais laisse tomber cette fois encore. Son père a semblé moins véhément. Elle sait qu'elle obtiendra ce mariage avant les vingt ans dont il parle. Parce qu'elle aime son onze. Comme ses parents se sont aimés avant eux.

Ils étaient Tristan et Enora. Un amour à la fin tragique et douloureuse bien qu'emplie d'espoir.

Et il y aura onze et elle.

Tristan et Yseult.


Voilà, c'est court mais, je l'espère, efficace. Un moment dans la vie de Tristan et de sa fille qui grandit.

N'hésitez pas à me dire ce que vous en pensé. Comme se débrouille Tristan en tant que père d'une adolescente qui cherche à sauter du nid ?

Bisous,

Rose.