Bonjour tout le monde. Joyeux No?l et Bonne année en retard. J'ai tardé à poster mais voici le nouveau chapitre ;)

Bonne lecture, on se retrouve en bas ;)

Chapitre 5 :

La lettre.

La première chose qui para?t évidente à Enora, c'est que ce Tristan est horriblement autoritaire et maniaque du contr?le.

Il lui a pratiquement arraché les clés de sa voiture des mains. La blonde a crié, tempêté, ordonné. Mais Tristan s'est contenté de la regarder avec impassibilité, attendant patiemment qu'elle cesse. Enora a alors serré le poing, sur le point de céder à son envie de le frapper quand il l'a menacée :

Si tu fais ?a, je risque de revenir sur ma promesse. Je veux simplement t'emmener dans un endroit particulier. Tu vas adorer.

Enora ne sait ce qui l'afflige le plus : que se faire frapper donne envie à Tristan de l'embrasser, qu'elle ait cédé aussi facilement ou que l'idée qu'il l'a punisse en la plaquant brutalement sur le capot la stimule un peu trop. Toujours est-il qu'elle lui a lancé un regard foudroyant et est allée s'installer c?té passager en claquant violemment sa portière.

Et pour se venger, Enora parle à n'en plus finir de chose complètement sans intérêt. D'une veste qu'elle rêve de s'acheter mais dont le prix lui donne de l'urticaire, de la couche d'anti-cerne qu'elle a d? mettre pour ne pas ressembler à un zombie. Doit-elle opter pour des bottes en cuir noires ou une paire de bottine anthracite cet hiver ? Est-ce qu'une paire de Jimmy Choo vaut véritablement de vendre un rein ?

Sauf que Tristan se contente de sourire de temps à autre avec nostalgie, ne rentrant pas dans son jeu. Alors Enora abdique et boude simplement dans son coin. Finalement, au bout de plusieurs minutes, le silence coléreux devient détendu, la blonde admirant le paysage composé de nature sauvage. Et cela l'apaise, réveillant en elle une paix qu'elle n'a pas ressenti depuis longtemps. La jeune femme se tourne ensuite vers le conducteur autoritaire et détail ses traits. Son visage est atypique. Loin d'une beauté classique, ses traits singuliers dégagent un charme puissant et dévastateur. Ses pommettes sont hautes, ses yeux d'un noir intense en amande et quand il sourit, il a une unique fossette sur sa joue droite. Il a un début de rides au coin des yeux, rappelant que c'est un homme. Enora finit par admettre qu'elle le trouve… sexy. ?ric est un beau gar?on mais son visage lisse laisse transpara?tre un jeune ?ge. Tristan semble plus mature, plus intense. Et il semble conna?tre le détonateur pour la faire exploser. Personne n'a fait ressentir des sensations aussi intenses à la jeune femme et il n'a fait que l'embrasser, rien sous la ceinture ou sans vêtement.

La proie de son expertise lui jette un coup d'?il sur le c?té avant de froncer les sourcils.

— Rel?che ta lèvre, l'exhorte-t-il. Bien que j'apprécie les idées lubriques qui doivent te passer par la tête, tu vas finir par te blesser.

Enora pique un fard et détourne la tête en cessant de mordre sa lèvre. Comment peut-il savoir qu'elle martyrise celle-ci dès qu'elle est envahie de pensées peu catholique ?

— Nous sommes arrivés.

Tristan la ramène à la réalité en arrêtant la voiture. La blonde sort du véhicule alors que son conducteur coupe le moteur. Elle reste cependant figée sur place devant le site historique auquel elle fait face.

— Mais c'est…, commence-t-elle sans pouvoir finir sa phrase, encore sous le choc.

— C'est un sentier national, aujourd'hui, raconte Tristan en venant à c?té d'elle. Et il a été classé au patrimoine mondial de l'Unesco. Ils ont gardés des exemples d'implantations romaines. Il y a de très bons pubs et de superbes villages animés. Arthur et moi avons ouvert une taverne à la section passant par Carlisle.

— Je connais cet endroit, souffle Enora devant les vestiges qui lui font face. Je le vois en rêve sauf qu'il est en meilleur état. Comme si… il venait d'être construit.

Tristan se contente de la fixer alors que la blonde essaye d'analyser ce qu'elle ressent. Cet endroit la retourne complètement. Parce qu'elle en a rêvé sans même jamais l'avoir vu avant aujourd'hui. Et parce qu'une partie d'elle a l'impression de rentrer à la maison. Des rires d'enfants résonnent comme ceux de fant?mes, elle voit, l'espace d'une seconde, un petit gar?on courir vers elle avec un sourire éclatant avant de dispara?tre dans le vent. Enora ressent une envie de pleurer féroce. Et le regard de cet homme sur elle, qui semble comprendre ce qu'elle ressent, la perturbe d'avantage.

— Pourquoi le mur d'Hadrien ? souffle la jeune femme en plongeant ses yeux perdus dans les siens.

— C'est l'un des plus beaux sites historiques. Certains prétendent qu'il recèle encore une part de magie ancienne, puissante. Une fée se serait débarrassée de ses pouvoirs après la mort de son bien-aimée dans l'espoir qu'on mette fin à sa vie et qu'elle le rejoigne, conte Tristan et Enora sent la tristesse lui serrer le coeur face à cette histoire. Depuis, certains racontent qu'en venant sur ce lieu baigné de magie de fée, ils se sont souvenus de leur vie antérieure.

— C'est pour ?a que tu m'as amenée ici ? Tu crois qu'on a une vie antérieure en commun ?

Enora n'a pu empêcher sa voix de prendre un ton railleur et se sent mal à l'aise devant le regard réprobateur de son vis-à-vis.

— Je sais ce dont tu es capable, quel pouvoir coule dans tes veines. Ton scepticisme est dés lors assez mal venu, tu ne penses pas ?

La blonde se fige, le regard fuyant. Effectivement, il n'a pas d? passer à c?té des explosions créées par leur contact dans la réserve. Enora ne comprend pas qu'il ne soit pas vraiment étonné ou qu'il ne pose aucune question. C'est comme s'il en savait plus à ce sujet que la principale concernée. Et il semble s?r de lui à propos de cette histoire de vie antérieure.

Et si…

La blonde secoue la tête, se remettant les idées en place. Son esprit est déjà bien assez en vrac sans en rajouter avec ces légendes urbaines.

— Je ne suis pas vraiment habillée pour une randonnée, marmonne la jeune femme en se désignant.

Avec sa jupe grise à carreau par-dessus un pull noir légèrement décolté et ses bottines à talons noires, la blonde n'est vraiment pas parée pour une excursion. Avec sa paire de collant noire opaque et sa veste en cuire, la jeune femme est à peine assez habillée pour le temps assez frais de ce début de décembre. Quand elle a parlé de visiter, elle ne s'attendait pas vraiment à crapahuter sur plus de cent kilomètres.

— Il va falloir que tu investisses dans des vêtements plus chaud, tique Tristan. Tu n'es plus en Caroline du nord.

— Je ne sors pas beaucoup en général, se défend la blonde. Et je fais mes trajets en voiture, je ne suis pas vraiment une passionnée des balades au grand air.

— On peut partir…

— Non. ?trangement, aujourd'hui ?a me tente bien.

Tristan la regarde s'éloigner, s'attardant sur le balancement de ses hanches, sur ses jambes découvertes par sa jupe lui arrivant à mi-cuisse. Bien qu'il apprécie la vue, une part de lui rêve de la couvrir un peu plus. Sachant qu'elle n'apprécierait que moyennement, il se contente de soupirer. La blonde se tourne vers lui et s'arrête en remarquant qu'il ne suit pas.

— Alors, tu viens ? J'ai besoin d'un guide moi.

Il lui sourit et la rejoint.

Ils ne s'aventurent pas près des villages ou des pubs, restant sur le chantier de randonné. Tristan lui fait un cours d'histoire qu'elle écoute d'une oreille, laissant ses doigts caresser les briques du mur. Enora sent son corps se réchauffer malgré la fra?cheur du temps. Le mur semble lui chuchoter des paroles réconfortantes. Celui de son rêve est bien plus effrayant. La présence de Tristan, également, lui apporte un sentiment de paix inexplicable, sa voix est agréable, la blonde savoure la mélodie de son récit, notant au passage qu'il n'est pas un baryton comme elle l'a cru au départ. Son type vocal se situe plus dans la basse dont la tessiture est plus grave. Une basse profonde qui plus est. Cette constatation fait na?tre une myriade de frissons le long de sa colonne vertébrale et un feu dans le bas de son ventre.

Enora est consternée de voir les réactions de son corps face à cet homme qui n'a besoin de rien faire si ce n'est lui conter les exploits de chevaliers d'un autre temps pour la troubler.

Ils finissent par faire une pause quand les pauvres pieds de la blonde demande gr?ce. Profitant d'être à l'orée d'un bois pour s'y camoufler, Enora s'adosse à un arbre en s'asseyant au sol. Tristan reste debout, appuyer sur l'arbre d'en face. Alors qu'elle masse ses mollets, la jeune femme laisse échapper un rire. L'homme lui lance un regard interrogateur et elle s'explique.

— J'ai laissé un presque inconnu conduire ma voiture pour m'amener dans un lieu isolé couvert par des arbres… C'est comme ?a que démarre certains thrillers. Ou film d'horreur.

— Tu as toujours été un peu na?ve, tu ne vois pas le danger, affirme Tristan.

Enora le regarde avec intensité. Il parle sans cesse comme s'ils se connaissaient. Et le pire, c'est qu'il raison, la plupart du temps. Elle voudrait lui poser des questions, pour voir à quel point il la conna?t mais, en vérité, la jeune femme a peur qu'il réponde correctement. Autant qu'elle craint qu'il se trompe.

La blonde soupire profondément, lasse d'être autant perdue.

— Que t'apporte-t-il ? ?ric.

Il n'y a aucune animosité dans cette question, juste une sincère curiosité.

— Il a un c?té… rassurant, j'imagine. Il est gentil, patient. Il n'attend rien de moi, il est compréhensif. Il a pris soin de moi quand je suis arrivée et que j'étais toute seule.

— Une histoire sans attache ?

— Je ne dirais pas ?a de cette fa?on. Je ne vois que lui et il ne voit que moi, c'est une relation stable.

— Il y a un mais ?

Enora baisse la tête. Comment avouer que le gar?on avec qui vous sortez n'allume aucune flamme en vous devant celui qui provoque la combustion instantanée de votre corps en une caresse ? De plus, cette relation est probablement terminée.

— Quelle relation est parfaite ? dit-elle simplement. Pour être honnête c'est lui que je plains pour être tombé sur quelqu'un comme moi. Je lui ai dit ce que j'ai fait dans la réserve. Je l'ai blessé et pourtant il m'a pardonné.

— Ce qui en fait un imbécile, gronde Tristan.

— Ou quelqu'un de compréhensif.

— Si tu étais à moi et qu'un autre posait les mains sur toi, je le tuerais…

— Pour commencer, je ne suis à personne ! Je suis un être humain pas un trousseau de clés ! Et finalement, tuer c'est peut-être un peu excessif, non ? Qu'est-ce que tu fais ?

Enora se redresse alors que s'approche à grand pas. La blonde se colle au tronc de l'arbre alors que Tristan se colle à elle, agrippant sa nuque avec possessivité. A-t-il besoin d'être toujours aussi intense ?

— Un jour, tu comprendras, affirme-t-il. Tu finiras par donner un sens à tout ?a et j'espère que tu me laisseras l'occasion de justifier certaines choses. Eric et toi, ce n'est qu'une vaste blague dont le compte à rebours a commencé.

Le souffle chaud de cet homme sur ses lèvres lui tiraille le bas-ventre et elle n'arrive pas à s'offusquer. Son coeur cogne si fort dans sa poitrine qu'elle a peur qu'il n'en sorte. Enora est essoufflée et sert les poings pour s'empêcher de céder à l'envie qui la br?le toute entière.

— Admet-le, ordonne-t-il.

— Admettre quoi ?

— Que ?a te demande une énergie considérable pour ne pas céder, que ce que tu ressens avec lui n'est même pas la moitié de ce que tu ressens avec moi.

Mais Enora ne peut pas, ne doit pas. Ce n'est pas correct pour l'homme qui la borde chaque soir, amortit ses cauchemars la nuit, la soutient, l'aime. C'est si tentant, ce serait si facile de se laisser aller. Mais, ce serait mal.

La blonde se conna?t assez bien, que ce soit ses c?tés positifs ou négatifs. Et elle est égo?ste, impulsive, l?che parfois, une véritable handicapée sentimentale mais, plus fort que tout cela réunit, elle est loyale. Elle ne trahit pas, jamais. Pourtant cet homme la pousse à rajouter ce défaut à la liste déjà bien longue. Et la jeune femme commence à avoir du mal à vivre avec. C'est ce qui lui donne la force nécessaire pour passer rapidement sous le bras de Tristan et s'éloigner de plusieurs pas.

— Pourquoi tu fais ?a ? s'énerve-t-elle. ?a t'amuse de me voir perdue ? De me voir culpabiliser ? De me retourner le cerveau ? Je vais assez mal en ce moment pour en plus devoir cocher la case infidèle à ma liste de défaut, d'accord ? Et je t'interdis de me foncer dessus et de m'embrasser pour me faire taire à nouveau, c'est clair ? panique la blonde en lui tournant le dos, le visage dans ses mains en le voyant près à s'élancer.

Il y a un silence durant lequel la jeune femme tente de reprendre ses esprits. Enora n'a jamais eu une foule de prétendant. Tout le monde savait que Julian et elle était ensemble depuis toujours. De plus, ils formaient un groupe fermé et isolé avec Sarah, Antonio et ?vangeline. La seule fois où la blonde a tenté de se sociabiliser, c'est quand elle est devenue cher-leader. Et elle a tellement honte de cet épisode que personne n'est aujourd'hui autorisé à en parler. Tout cela pour dire qu'être l'attention d'un homme tel que Tristan dépasse la blonde.

Bien qu'elle se trouve cruelle de penser de cette fa?on, ?ric rentre plus dans le modèle de gar?on s'intéressant à la jeune femme. Calme, patient, doux… légèrement ennuyant. Et c'est quelque chose qui pla?t à Enora. Ou, visiblement, qui lui plaisait. Puisque les sensations fortes que provoque cet homme en elle la rendent aussi fébrile qu'une toxico devant sa dose d'héro?ne.

Je suis accro à un mec que je ne connais même pas, faisant invariablement du mal à un homme que je connais et qui m'aime bien. Je deviens monstrueuse.

— ? Il y a des êtres dont c'est le destin de se rencontrer. Où qu'ils soient. Où qu'ils aillent. Un jour, ils se rencontrent. ?.

Enora en a le souffle coupée. C'est une citation bien connue de Claudie Gallay. Mais dans sa bouche à lui, ?a a des accents de prophétie. Le corps de la blonde se réchauffe, elle sent à nouveau cette force dans ses veines se réveiller mais, avec douceur cette fois, la caressant avec tendresse. Un image floue la traverse. Elle est dans une forêt, il y un feu de camp et des chevaux. Un homme est à c?té d'elle et un sentiment de tristesse lui sert le coeur.

— … j'ai choisi d'être là et je pense que ?a devrait compter plus que ?a…

— … tu dois regretter ce choix maintenant…

? Il y a des êtres dont c'est le destin de se rencontrer. Où qu'ils soient. Où qu'ils aillent. Un jour, ils se rencontrent ?… quoi que je fasse, où que j'aille, ma vie sera toujours liée à la tienne…

Enora sent l'angoisse l'envahir, prenant le pas sur tout le reste. ?a ne peut pas être un souvenir, c'est impossible, incohérent. Sa famille l'aurait mise au courant si elle avait disparu un temps indéterminé pour aller se balader en forêt avec un type de dix ans de plus qu'elle…

Et pourtant, bien que floues, ces images semblent si réelles. La seule solution scientifiquement correcte, c'est qu'elle est cinglée. Parce que sinon, ?a voudrait dire qu'elle eu une vie avant celle-ci…

Pourquoi pas ? Je fais bien exploser des bouteilles sans le vouloir…

Et alors que la jeune femme tente de reprendre le contr?le d'elle-même et des idées tordues qui envahissent son esprit, Tristan lui fr?le la main. Ce n'est rien, pas même un vrai contact. Mais, comme à chaque fois, Enora sent le brasier reprendre dans son corps, dans sa tête. Et elle ne conna?t qu'une seule fa?on de les faire taire. Alors, les surprenants tous les deux, elle se tourne brusquement, se met sur la pointe des pieds en s'agrippant à la nuque de Tristan et l'embrasse violemment. C'est plus que de la passion, c'est une question de survie. Comme si le contact de cet homme lui permettait de se sentir vivante et qu'elle mourrait chaque seconde éloignée de lui. Il met sa vie sans dessus-dessous et la blonde le déteste pour ?a. Tout en devenant plus dépendante chaque jour de sa présence, de son toucher.

Tristan finit par s'éloigner alors qu'Enora a toujours les yeux fermés et les sourcils froncés de détresse. Il caresse sa joue humide et la blonde constate alors qu'elle a encore pleuré.

— J'aimerais que ce soit plus simple pour toi. Mais, tu n'as jamais fait dans la simplicité, pas vrai ?

La jeune femme ouvre les yeux et le regarde. Son visage est impassible mais Enora la voit, cette lueur de tristesse, cachée bien profondément. Puis, il recule, créant un vide dans le coeur de la blonde qui tente de l'ignorer.

— Tu dois avoir faim, explique-t-il. Allons manger.

Il rebrousse chemin et reprenne la voiture. Enora s'installe d'elle-même c?té passager. Loin de la soumission, elle ne se sent simplement pas en état de conduire. Et puis, elle ne sait pas où son guide veut l'emmener. Tristan prend place derrière le volant et regarde les clés dans sa main plusieurs secondes.

— Pour ce que ?a vaut, être un trousseau de clés ne me dérange pas tant que je suis le tien, finit-il par annoncer en démarrant le moteur.

Et le coeur de la blonde chavire, encore une fois.

Le reste de la journée se passe sans dérapage. Enora mange avec un appétit qu'elle n'a plu eu depuis bien longtemps sous le regard scrutateur de Tristan qui vieille à ce qu'elle ne laisse rien. Ils ne parlent pas vraiment mais, ce n'est pas un silence gênant. Il serait, au contraire, légèrement complice.

Tristan l'emmène ensuite visiter le ch?teau de Newcastle. ?difice qui donna son nom à la ville. Bien que la blonde soit tout sauf férue d'histoire, écouter cet homme lui raconter comment le ch?teau a vu le jour et a été utilisé à des fins défensives à l'époque romaine l'enchante. Elle boit ses paroles, savourant de visiter un lieu qui ne lui donne aucune sensation étrange, la laissant profiter de la beauté qui réside entre ces murs.

Pour finir la journée, il la conduit au parc publique de Jesmond Dene. Enora oublie qu'elle ne porte pas des chaussures adaptées gr?ce aux magnifiques paysages, profitant de la vue des petites cascades. Elle voit les gens autour d'elle se promener, les enfants jouer. Et la blonde doit bien admettre que ce pays a quelque chose de magique. ? moins que ce ne soit lui. Tristan. La jeune femme constate rapidement qu'il ne parle pas beaucoup alors qu'Enora parle énormément. Parfois trop. En fait, une analyse rapide lui apprend qu'ils ont plus de points divergents que communs. Mais la jeune femme remarque également qu'au lieu de créer un fossé entre eux, ils semblent se compléter.

La jeune femme profite de cette pause inespérée pour son esprit, qui semble en accord avec ce qu'elle fait pour une fois. Cela fait des mois que son cerveau la torture, lui donnant la sensation de perdre la tête. Durant plusieurs heures, Enora se sent à nouveau elle-même. Et bien qu'elle culpabilise de passer la journée avec l'homme qu'elle a embrassé à plusieurs reprises – trahissant Eric –, la jeune femme se sent incapable de résister à la sensation de paix qui vibre dans chacune de ces cellules. Enora s'admet au moins à elle-même, que ce Tristan est peut-être ce qu'elle recherche depuis des mois. Elle ne croit pas au destin ni aux vies antérieures. Enora croit à peine en Dieu. Mais la blonde croit à ce que son corps lui hurle. Et chaque millimètre de son être lui crie que Tristan est la réponse à ses questions.

Mais, toutes les bonnes choses ont une fin et cette journée de paix également. Le ciel devient sombre et Enora se rappelle qu'Eric est s?rement déjà rentré. Le blond lui a promis une discussion et bien qu'elle la craint, la jeune femme sait qu'elle est nécessaire.

Alors que Tristan se gare sur la place de parking de la jeune femme, celle-ci réalise qu'il est, de ce fait, à pied.

— Je n'habite pas très loin, la rassure-t-il.

Enora laisse le silence s'installer, profitant de chaque seconde, craignant de mettre fin au sentiment de bien-être qui l'a accompagnée toute la journée.

— Merci pour aujourd'hui, finit-elle par dire. Tu ne peux pas imaginer le bien que ?a m'a fait de m'évader un peu. J'ai la sensation de ne plus être moi-même en ce moment.

— Tu trouveras des réponses, avec le temps.

— Oui, je commence à y croire.

Enora sort de l'habitacle alors qu'il en fait de même avant de la rejoindre et de lui donner ses clés. Il place quelques mèches de ses cheveux blonds derrière son oreille, la regardant sans sembler la voir réellement. Tristan se penche et pose son front contre le sien, frottant leur nez ensemble alors que le coeur d'Enora se tord. C'est la première fois et pourtant, elle se sent comme si tel n'était pas le cas. Tristan lui embrasse le sommet de la tête, plus chaste qu'il ne l'a jamais été avec elle et s'en va sans rien ajouter.

Reprenant ses esprits, Enora rentre dans le b?timent et récupère son courrier. Une enveloppe détonne au milieu de ses factures. Sans timbre, plus petite, il n'y a que son nom dessus. La jeune femme l'ouvre tout en montant à l'étage de son appartement. La lecture lui file des sueurs froides et elle se rend compte qu'elle a bloqué devant sa porte. La blonde entre dans son salon avec angoisse, les yeux toujours sur ces mots qu'elle comprend à peine.

— Eric, c'est quoi ce…

Mais le reste de sa phrase reste bloquée dans sa gorge.

Le concerné est assis sur le canapé, les coudes sur ses genoux et il la regarde avec lassitude. ? ses c?té, un sac de voyage rempli.

— Alors tu t'en vas, constate Enora.

— Viens t'asseoir.

La jeune femme s'exécute et attend.

— Quand tu es rentré dans la taverne il y a plus de trois mois, j'ai su que je devais essayer d'être avec toi. Mais il y avait cette épée de Damoclès au-dessus de nous et je le savais pertinemment. Je savais à quels risques je m'exposais.

— Je ne comprends pas.

— Je t'aime.

Les mots ont été dit avec force et détermination. Eric attend la réponse tout en sachant ce qu'elle sera. Comme s'il avait besoin de l'entendre. Ou comme s'il essayait de lui montrer où était le problème.

— Je… Je suis désolée.

— Je sais.

Et il semble effectivement le savoir. Il ne lui en veut visiblement pas, la regardant même avec compassion.

— J'ai essayé, insiste-t-elle néanmoins.

— Je sais, répète Eric. Tout comme je sais que tu ne peux pas résister à ce que tu ressens pour lui, ajoute-t-il sans avoir besoin de dire son nom.

— Il y a des mois que je me sens perdue. Que j'ai cette impression de n'être à ma place nul part, d'avoir perdu quelque chose d'infiniment précieux sans mettre le doigt sur ce que c'est. Mais avec Tristan… c'est compliqué à expliquer. Je me sens… comme si…

— Tu retrouvais ta place.

Enora plonge ses yeux bleus-verts dans les océans d'Eric. Oui, il sait. Elle ignore comment mais il comprend à la perfection.

— Je suis désolée, répète-t-elle. Je n'ai jamais eu l'intention de te faire du mal. C'est juste devenu plus fort que moi. Toi et moi, ce n'est pas… normal. C'est le sentiment que j'ai aujourd'hui et je sais que ?a fait de moi une personne horrible.

— Si tu savais comme tu te trompes, rit Eric avec amertume. Très honnêtement, c'est moi qui ait été horrible. Tu ne comprends sans doute pas pourquoi je dis ?a maintenant mais, je sais qu'un jour tu comprendras. Et tu seras dans une colère noire, je ne donne pas chère de ma peau. La vérité c'est que tu finiras toujours par retourner vers lui parce que c'est écrit. Dans ses veines, dans les tiennes.

Eric se lève et attrape son sac alors que la jeune femme n'a pas la force de se mettre sur ses jambes tant la culpabilité lui enserre la gorge.

— Alors, je vais partir. Te laisser de l'air et te retrouver. Mais, sois s?re d'une chose : si tu as besoin de quoi que ce soit et ce n'importe quand, je serai toujours disponible. On est ami avant tout, pas vrai ?

Enora acquiesce sans réussir à en dire d'avantage.

— Au fait, tu voulais me dire quelque chose ? réalise Eric en repensant à son entrée.

La jeune femme le regarde une seconde, hésitante. Mais, pour une fois, Enora décide de ne pas être égo?ste. Elle doit libérer Eric, le laisser s'en aller. Si elle lui dit, il voudra rester, il va s'inquiéter. Eric a été là durant trois mois et demi, veillant sur elle, l'aimant en sachant qu'elle ne l'aimait pas. Tristan est arrivé et en une semaine et demi, il a confirmé qu'Enora et Eric n'était pas fait pour être ensemble d'une manière plut?t cruelle. Eric a trouvé le courage de se sortir d'une situation qui allait devenir malsaine pour tout le monde alors que la jeune femme n'aurait peut-être jamais trouvé la force de le laisser s'éloigner. La moindre des choses est de ne pas lui donner de raisons de revenir sur sa décision. Alors, elle sert la lettre fermement et inspire.

— Ce n'est pas important, souffle-t-elle alors en se for?ant à sourire.

Bien qu'il n'ait pas l'air convaincu, Eric n'insiste pas. Il ne l'embrasse pas, n'impose pas d'au revoir larmoyant. Ils se verront le lendemain à la taverne, de toute fa?on. Alors, il s'en va sereinement, ne claquant même pas la porte derrière lui.

Et Enora relit cette page, sentant s'abattre sur elle un mauvais présage alors qu'une nouvelle crise d'angoisse lui sert la poitrine.

Ma petite sorcière,

Je t'ai vue en ville. Ainsi tu es à nouveau près de moi. Dis-moi, te souviens-tu ? Sens-tu encore mon empreinte en toi ?

Une part de moi espère que tu ne te rappelles pas encore pour que je puisse t'aider à te remémorer ce que tu as enfoui profondément.

Petite sorcière, attend-moi.

Bient?t, on se reverra, tu seras à nouveau à moi.

C.


Et voilà, j'espère que ce chapitre vous plaira. J'ai été longue à poster pourtant, j'ai pas mal d'avance dans cette histoire.

Premièrement, mon fils a eu ses congés comme beaucoup et avec les fêtes, ?a n'a pas laissé beaucoup de temps au reste.

Deuxièmement, je vois les passages des gens dans les statistiques mais les lectures fant?mes sans aucune réaction ne sont en rien motivantes. J'ai besoin de votre retour pour savoir si cela vaut la peine de continuer à publier sur ce site. J'écrirai cette histoire quoi qu'il arrive mais en ce qui concerne le partage, ?a dépend de vous :/

Je vous souhaite encore une bonne année, en espérant qu'elle soit meilleure que la précédente ;)

Rose.