Yo ! Yo ! Yo ! C'est le Père No?l en direct de la Laponiiiiiiiie !

Well.

C'est le dernier chapitre, ?a fait dr?le. Ohlala. Déjà ? C'est passé vite. Très vite.

Je sais pas quoi vous dire, à part merci. D'avoir suivi, d'avoir commenté.

Un grand merci à Lectricite et Alixe, je le dirai pas assez, c'était extra d'avoir vos retours, et vraiment précieux. Sur les quelques premiers jours y a eu peu de retours et … honnêtement je savais pas si j'arriverais jusqu'au bout du calendrier ? Pour en avoir déjà publié d'autres au jour le jour, je sentais que je pouvais laisser tomber, et si je l'ai pas fait c'est gr?ce à vous.

Et merci aussi à Misty et à Mokonalex pour les commentaires !

Bon. Eh beh, bonne lecture !

24 décembre

No?l à Paris

C'est le tout début de l'hiver. Les jours commencent à rallonger, mais ?a ne sera pas visible avant plusieurs semaines.

Chacun est entouré. La famille ou les amis ou autre chose.

Le vent. Il y a au moins le vent pour tout le monde, qui souffle sans distinction d'?ge ou d'ethnie ou de genre, qui souffle et qui chante entre les b?timents.

A l'entendre fr?ler les planches du pont, soulever des gouttes d'eau qui viennent éclabousser la coque du navire, Anarka se prend à rêver de sa vie au large. Cinq ans qu'elle a jeté l'encre ici, à Paris. Elle en aura bient?t cinquante. Un dixième, rien qu'un dixième de sa vie. Un dixième, c'est beaucoup et pas beaucoup, c'est compliqué à évaluer. Si on dit qu'un dixième de la population mondiale détient la grande majorité des richesses, c'est pas beaucoup. Et comme c'est encore moins qu'un dixième, en vrai, c'est vraiment pas beaucoup. Si on dit qu'un dixième des femmes se fera agresser sexuellement au cours de sa vie, c'est énorme. C'est trop. Et comme c'est plus qu'une femme sur dix, en vrai, c'est insupportable.

Anarka aura cinquante ans en mars. C'est passé vite, tout ?a.

Comme un instinct qui la prend, elle attrape son vin chaud et son manteau, abandonne un moment le confort et la chaleur de la cabine pour monter sur le pont. Le vent lui gifle les joues, et si elle en croit le bout de son nez, il devrait neiger dans la soirée. Elle bataille contre le vent pour allumer sa cigarette, s'appuie contre le garde-corps pour regarder l'eau. Son reflet y est trouble et vif comme une pensée adolescente.

Elle ne croyait pas en arriver là un jour. Cinquante ans, deux enfants, un boulot et une ville qu'elle considère comme la sienne sans le dire. Petite, elle croyait qu'elle serait pirate. Elle lisait des livres sur eux à la bibliothèque, jouait avec les gar?ons. Et chaque No?l, chaque anniversaire, ses parents redoublaient d'efforts pour faire passer sa lubie étrange. Iels lui offraient des robes, des poupées, des livres sur les fées. Iels avaient essayé les sorcières, aussi, et ?a avait presque marché. Mais si elle était une sorcière, elle serait, toujours, une sorcière pirate.

C'est quelque mois après son entrée en CE1, elle était encore jeunette, que le Père No?l lui a apporté son premier vrai trésor. Un cache-?il, une longue vue, un tricorne et une ceinture. Pas de sabre, pas de pistolet, et finalement ce n'est pas forcément ce qui l'intéressait le plus. Elle se fichait de se battre : elle voulait seulement être libre. C'est bien plus tard qu'elle avait compris que l'un n'allait pas sans l'autre, que les pirates ne portaient pas les armes (seulement) pour le plaisir.

A dix-huit ans, quand les élèves de son lycée préparaient le BAC, elle préparait son permis bateau. A vingt-et-un ans, enfin, elle achetait son voilier et prenait la mer, pour la première fois, bien décidée à ne jamais plus poser le pied à terre.

A vingt-deux ans elle rencontrait un gar?on dans un port. Et un autre. Et un autre, et encore un autre, et tant d'autres, dans tant d'autres ports.

Elle croyait que ce serait pour toujours, et puis Luka est arrivé. Elle a continué de naviguer, elle a vu moins d'hommes, plus de professeurs, et Juleka est arrivée et elle a continué de naviguer, de plus en plus lentement, jusqu'à se poser ici.

Elle voulait rester un an. Faire une pause, gagner un peu de sous et se remettre à jour, envoyer les enfants à l'école pour voir si ?a marchait pour elleux. Et ?a a marché. ?a a si bien marché qu'elle n'est jamais partie.

Elle se demande ce que l'Anarka d'il y a trente ans penserait d'elle aujourd'hui. Elle la trouverait s?rement faible et volage, elle la pousserait à lever l'encre, parce qu'il y a tant de lieux qu'elle n'a pas encore vus. Elle serait peut-être dé?ue.

La pensée la fait rire. Parfois, elle la craint.

Elle craint ses regrets, elle ne veut pas les imposer à Luka et Juleka. Iels n'ont pas choisi de l'avoir pour mère : c'était son choix à elle. A personne d'autre. Pas le choix de leur père, qui qu'il puisse être, sa décision personnelle d'amener des enfants dans ce monde, et d'en prendre soin. L'idée derrière la tête d'en faire des petites pirates.

Elle n'aurait jamais deviné ce qu'iels sont devenus, et iels ne sont pas vraiment finies pour le moment. Ses enfants l'emmènent dans un monde nouveau, qu'elle explore.

Dé?ue ? Oui, aujourd'hui, sur le pont battu par les vents, une cigarette fébrile entre les doigts, ?a la fait rire.

Elle n'est pas où elle voulait être. Elle ne sait pas si elle est exactement à l'endroit où elle veut être non plus, mais elle sait qu'elle aime être là.

Elle aime le regard de Luka quand il parle de Marinette, elle aime voir les amies de Juleka la faire rire et l'écouter, elle aime fêter No?l dans cet endroit si familier, les embruns de la Seine et la colline de Montmartre.

Plus tard, des années plus tard, quand les enfants seront des adultes elle reprendra la mer. Elle la saluera comme une vieille amie, peut-être maladroite, un peu rouillée.

Mais pour l'instant de flocons commencent à tomber, et comme elle éteint sa cigarette contre la semelle de sa chaussure, elle se dit que l'année prochaine, elle pourrait inviter sa mère et même son père sur son bateau. Elle se dit que l'année prochaine c'est loin, mais ?a ne la gênera pas d'être encore là. Elle se dit que l'année prochaine c'est loin, alors elle compose le numéro du fixe maintenant, et la voix qui lui répond semble traverser les ?ges.

Elle vit depuis presque cinquante ans, navigue depuis des années, ?a doit être quelque chose comme le milieu de sa vie mais c'est encore le tout début de l'hiver. C'est toujours le tout début de quelque chose, quelque part.

? Joyeux No?l, Maman. ?

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Je … ne sais pas d'où est sorti cet OS.

Je voulais en faire un sur Anarka au milieu du calendrier et finalement non, et finalement il arrive là, pour conclure tout ?a.

C'est pas un personnage très populaire alors j'espère que ?a vous aura plu quand même. Et puis, les fêtes de fins d'années c'est un moment où on fait beaucoup le point sur sa vie, alors ?a fait sens pour moi de conclure là-dessus ?

Voilà-voilà.

?a s'arrête ici pour cette année, alors joyeux No?l et bonnes fêtes à tout le monde !

J'espère que vous aimez où vous êtes.