Correction : Nanthana14

Cette fiction va reprendre la trame du film ? La Chasse ? avec Mads Mikkelsen (Lucas), mais il n'est pas nécessaire de l'avoir vu pour la lire.


La Chasse

Chap 1 : Départ pour le Danemark.

Will n'avait jamais mis les pieds au Danemark, mais il sauta sur l'occasion quand elle se présenta. Il était le seul héritier d'un oncle qu'il n'avait pas connu, et qui venait de lui léguer une maison dans un village dont il ne connaissait rien. Il avait consulté internet avant de se décider, mais à part quelques pages vantant la beauté des paysages et faisant la promotion de la chasse, il n'avait rien trouvé. Ou juste quelques faits divers, dont une sombre affaire de suspicion de pédophilie. Il en avait lu un résumé rapide : le type n'avait pas été arrêté parce que la petite fille était revenue sur ses accusations, et parce qu'il n'y avait eu aucune preuve solide contre lui. Il supposait que ?a avait malgré tout d? secouer le patelin, car dans ce genre d'endroit, tout le monde se connaissait. L'affaire datait d'environ un an cela dit, et le village devait être redevenu comme avant : un coin tranquille, où il ne se passe jamais rien. C'était vraiment tout ce dont Will avait besoin : du calme, et peut-être quelques cours de perfectionnement en danois. Sa grand-mère paternelle était danoise et lui avait appris la langue, et il avait continué à lire de temps à autre des ouvrages en danois, alors il n'était pas trop rouillé. Ce serait suffisant en tout cas pour postuler comme flic. Il candidaterait peut-être à nouveau comme professeur en criminologie, un jour, mais l'idée d'être questionné sans cesse à propos d'Hannibal Lecter ne l'enchantait pas.

Il avait encore du mal à se faire à l'idée que le psychiatre l'ait à ce point trahit. Hannibal avait été la personne la plus proche d'un ami qu'il avait eu. Il ne parvenait pas à croire totalement à sa mort, et assumait mal le fait d'en être à l'origine. Au moins, aucune preuve n'avait pu être apportée contre lui : Matthew Brown avait été reconnu comme l'assassin du cannibale. Quant à ce dernier, des preuves accablantes avaient été retrouvées à son domicile. Hannibal Lecter et l'Eventreur de Chesapeake étaient bien le même homme, personne n'en doutait plus. Et lui, Will Graham, était devenu l'homme incarcéré à tort pour ses crimes, le héros qui avait tenté d'avertir tout le monde et n'avait pas été écouté. ?a aurait d? le remplir de joie d'être enfin entendu, mais ?a n'avait pas été le cas. Les journalistes l'avaient houspillés, Freddie Lounds en tête. Avec Alana, comme avec Jack et son équipe, la confiance avait été brisée. Beverly, la seule vraie amie qu'il avait eu au labo, était morte en tentant de l'aider, alors plus rien ne le retenait aux ?tats-Unis.

Le voyage lui sembla long. Ces derniers temps le sommeil le fuyait et il ne ferma les yeux qu'une petite heure, pas suffisamment pour récupérer. Il n'était pas inquiet, juste contrarié à propos des formalités dont il allait devoir s'occuper une fois sur place, même si une partie avait pu être réglée à distance. Les papiers l'ennuyaient, mais ne présentaient pas de difficultés particulières. Par contre, il pensait beaucoup à ses nombreux chiens qui voyageaient avec lui, dans la soute. Il était soucieux de leur bien-être et de leur sécurité, et espérait que tout se passait bien pour eux. Un film parvint à le distraire pendant quelques temps, et il eut ensuite à subir la compagnie de son voisin de siège, qui n'était pas sans lui rappeler Franklyn Froideveaux. Will se remémora le visage rond du patient d'Hannibal.

Tobias Budge, le tueur à la contrebasse, avait été accusé de la mort de ce dernier. A présent, Will doutait fortement de son implication. Hannibal en avait probablement eu assez des manières trop tactiles de Franklyn, et de ses sujets de conversation improbables. ?a devait être lui qui lui avait brisé la nuque. Will sourit, amusé malgré lui en s'imaginant la scène et l'expression de satisfaction du psychiatre, enfin débarrassé de l'ennuyeux personnage. Il chassa néanmoins vite le docteur de ses pensées, ainsi que tout ce qu'il avait pu faire. Cela faisait partie du passé.

A son arrivée, Will trouva le village plut?t accueillant. Les habitants le regardaient avec curiosité : avec son accent américain et sa dizaine de chiens, il attirait l'attention, mais il ne s'en formalisait pas. Il savait que l'attrait de la nouveauté s'estomperait. En attendant, il discutait avec l'un et l'autre, apprenant que son oncle était un vieil homme très apprécié. ?a lui fit gagner quelques points auprès de ses nouveaux voisins, et son entrée dans la police lui en fit gagner d'autres. Les forces de l'ordre semblaient très bien vues dans le village, ce qui n'était pas une surprise. La police intervenait bien plus souvent pour régler des conflits de voisinage ou sauver un chat, que pour résoudre un meurtre. Les agents n'étaient pas des inconnus, mais des amis, de la famille, des gens avec qui on va boire un coup après le boulot.

L'atmosphère générale était très masculine et ?a n'aurait posé aucun problème à Will si elle n'avait pas été accompagnée d'un sexisme décomplexé. Ici, il y avait trois critères essentiels pour être un homme, un vrai : boire de la bière, raconter des blagues de cul et aller à la chasse. Will avait toujours préféré la pêche,mais il renon?a à en parler en voyant le mépris clairement affiché de ses collègues pour cette activité. Comme ils se montraient insistants, il accepta de les accompagner lors de la prochaine chasse. Il savait que se sociabiliser un minimum était le prix à payer pour avoir la paix. Et c'était ce qu'il était venu chercher.