Et voilà la partie 2 !


Partie 2

Irumi gagna le petit pavillon qui était son point de chute lorsqu'il revenait dans la demeure des Zoldick. Il fut un temps où il était habité par le premier majordome entrainé par la famille. Ce serviteur était néanmoins mort depuis longtemps et jusqu'à ce qu'Irumi s'y intéresse, plus personne n'avait prêté attention à cette petite b?tisse en bois entourés par les arbres. Il entra immédiatement à l'intérieur pour échapper à l'air glacial de l'hiver et alla s'installer sur le canapé du salon qui s'étendait après le hall.

? Merci d'avoir fait ma lanterne, dit Hisoka qui l'avait suivi.

-Je ne voulais pas prendre le risque qu'elle s'écrase sur le toit de la maison comme celle de Gon, l'année dernière. ?

Irumi avait répondu sans lui prêter un regard, en dissimulant le sentiment d'exaspération qui l'envahissait chaque minute un peu plus.

? Oui, ajouta Hisoka, en restant bonne humeur. J'imagine qu'il était hors de question que je te fasse honte...

-C'est ?a. ?

Hisoka resta impassible à cette deuxième réponse cinglante et le rejoignit même sur le canapé. Irumi ne comprenait pas. Pourquoi ne partait-il pas ? N'avait-il pas été assez désagréable ? Comme lorsqu'il l'avait toisé à son arrivée sans même le saluer ou quand il lui avait pris la tige de bambou des mains car il avait estimé qu'il n'aurait jamais fini sa lanterne à temps et qu'elle ne serait de toute fa?on jamais assez bien. Sans parler du fait qu'il ne lui avait pas accordé un mot, un geste ou même un regard durant l'entièreté de la cérémonie et qu'il était parti sans même lui intimer de le suivre. C'était incompréhensible.

Néanmoins, Irumi admettait qu'il peinait également à se suivre lui-même. Il avait proposé à Hisoka de venir et ce dernier avait simplement accepté. Et maintenant, il faisait tout pour le pousser à s'en aller. C'était probablement parce qu'il était persuadé qu'il refuserait. Il s'était attendu à ce qu'Hisoka se moque de cette proposition, autant qu'il se moquait de toutes ces petites habitudes qui semblaient s'être durablement installées entre eux depuis deux ans. Parce qu'il s'en moquait, n'est-ce pas ? Il se moquait que leurs doigts puissent se mêler quand ils buvaient un verre ensemble ? Il se moquait de ces longs baisers après avoir été séparés quelques semaines ? Il se moquait du fait qu'Irumi lui cède son corps de fa?on régulière ? Et quand envahi de pensées sombres, il avait la faiblesse de laisser sa tête reposer sur sa poitrine d'Hisoka et que juste après ce dernier commen?ait à caresser ses cheveux noirs en lui murmurant des paroles rassurantes, ce n'était pas du tout sincère ? Et l'étreinte qui pouvait suivre, c'était bien pour se foutre de lui ?

Car il n'y avait rien d'amusant à tout ?a, en tout cas pas selon la définition d'Hisoka Morrow. Ces habitudes n'avaient rien de l'excitation d'un combat difficile ou de la fièvre meurtrière. Et jamais rien ne pousserait une personne comme Hisoka à faire une chose qui ne soit pas amusante. Il n'y avait aucune raison pour lui de venir en plein hiver dans une demeure isolée pour fabriquer une lanterne et la faire voler au-dessus d'un lac. Si ce n'était éventuellement le plaisir d'être faux et satisfait du trouble qu'il pouvait faire na?tre chez les autres. Hisoka devait forcément en être conscient. Il devait savoir qu'accepter cette invitation le perturberait et il était clair qu'il se réjouissait de cette situation. Pour lui, ce n'était qu'un petit jeu. Et d'ailleurs, le voilà qu'il se rapprochait déjà de lui.

? ?a te va bien les cheveux courts. ?

Cette voix et puis cette caresse qui suivait. Cette tendresse qu'il feignait à la perfection alors qu'il passait sa main dans ses cheveux. Comme tout le reste d'ailleurs. Où avait-il appris à contrefaire toutes ces choses ? Comme la fois où ses yeux étaient devenus aussi meurtriers que ses cartes lorsqu'un sur un homme lui avait offert un verre en lui caressant le dos. ?a ressemblait vraiment à de la colère mais c'était forcément faux. Hisoka n'était jamais en colère.

Il y avait aussi cette fois, plus précisément trois mois auparavant, où Hisoka l'avait disputé pour avoir passé la soirée avec un hunter de passage et surtout parce qu'il avait surpris cet étranger caresser ses longs cheveux noirs alors qu'ils marchaient ensemble. Irumi devait bien admettre que c'était une imitation très convaincante de la jalousie. Il se surprenait parfois à penser que tout cela puisse être vrai. Et c'était probablement la partie amusante de ce jeu pour Hisoka: constater qu'Irumi finissait par y croire.

Mais Hisoka avait beau avoir du talent, Irumi était bien décidé à ne pas se faire avoir ce soir. Restant indifférent à la main qui caressait ses cheveux, il répondit sans enthousiasme à son compliment :

? C'est plus pratique.

-Je sais, dit Hisoka. Mais ?a te va bien. ?

En vérité, c'était surtout une belle erreur, comme il l'avait dit à Gon. Suite à sa ? crise de jalousie ?, Hisoka avait eu le culot de dispara?tre pendant plus de deux mois et demi. Après un mois sans nouvelles et plusieurs nuits sans sommeil, Irumi, épuisé, avait attrapé une paire de ciseau et coupé ses cheveux dans un accès de rage. En repensant à ce moment, il ne pouvait s'empêcher d'en ressentir de la honte. Il était heureux que personne ne fut là pour le voir dans un état aussi misérable. Il avait difficilement ma?trisé ce sentiment de détresse, le dissimulant derrière le masque d'indifférence qu'il s'était toujours promis de porter. Même quand Hisoka était finalement revenu vers lui la semaine dernière, il avait tout fait pour ne rien laisser para?tre. Cela avait d? être vain. Hisoka avait forcément remarqué quelque chose et c'était bien pour ?a qu'il devait se complaire dans ce jeu depuis deux ans : pour ce genre de petit désastre qui devait l'amuser au plus haut point. Hisoka n'avait rien montré de tout cela bien évidemment. Il avait même feint un regard un peu triste, au lieu d'avoir enfin l'honnêteté de se montrer satisfait du résultat.

Alors Irumi avait eu l'idée de l'inviter à l'activité la moins amusante du monde, cette tradition familiale idiote que tout le monde s'acharnait à préserver. Il avait même adopté un ton nonchalant pour bien lui indiquer que c'était la chose la plus barbante qui existe. Hisoka allait forcément refuser et Irumi aurait alors été rassuré car il aurait enfin pu esquisser des limites à ce jeu. Mais Hisoka était venu. Il y avait forcément trouvé quelque chose d'amusant et Irumi se sentait à présent trop épuisé pour réfléchir à ce que ?a pouvait bien être. L'exaspération l'avait même quitté.

La main d'Hisoka quitta ses cheveux, glissa sur la joue d'Irumi et l'invita tourner la tête vers son visage qui n'était plus qu'à quelques centimètres. ? cause de ces mois d'absence, ?a faisait longtemps qu'ils n'avaient plus été aussi proches. Hisoka posa ensuite ses lèvres sur les siennes et l'embrassa. Irumi baissa définitivement les armes. Finalement, il allait encore laisser son partenaire s'amuser cette nuit alors que lui, ferait semblant d'y croire. Croire que ce regard était vraiment du désir et ces caresses de la tendresse, qu'Hisoka était sincère quand il le rassurait, qu'il pouvait réellement être à la fois jaloux à l'idée qu'un autre touche ses cheveux et triste de l'avoir blessé et qu'il ferait sans hésiter des choses ennuyeuses pour simplement être avec lui. C'était agréable. Même s'il s'était résigné à refuser les relations et contr?ler ses émotions pour être un bon assassin, Irumi avait quelques fois espéré vivre autre chose que la solitude. Il lui arrivait d'envier Kirua à ce sujet. Le voir avec Gon aujourd'hui l'avait particulièrement irrité. Il laissa donc Hisoka l'allonger sur le canapé, ouvrir sa chemise et embrasser son torse. Il se sentit bien. Les mains et les lèvres de son partenaire glissaient sur sa peau et il profita intimement du moment où sa bouche d'attarda sur son cou. ?a faisait partie des bons c?tés de ces petites habitudes. Irumi se demandait parfois pourquoi Hisoka ne les résumait pas à ?a. Pourquoi ces disputes ? Pourquoi ce manque ? Pourquoi cette tendresse gratuite ? Etait-ce si amusant ? Finalement, Hisoka se redressa pour enlever son haut. Irumi eut grande peine à garder son masque d'indifférence. C'était difficile de ne pas apprécier ce qu'il voyait. Cette peau claire, cette musculature... Il avait beau les conna?tre, ?a lui faisait toujours de l'effet. Cependant, il sentit qu'il y avait quelque chose de différent cette fois-ci. Irumi ne parvint pas immédiatement à mettre le doigt dessus mais quand Hisoka s'allongea à nouveau sur lui, ?a lui parut évident : il ne souriait pas. Ce n'était pas habituel dans ce genre de moment.

? Je sais ce que tu penses. ? dit gravement Hisoka en le regardant dans les yeux.

?a, Irumi n'en doutait pas. Hisoka savait lire en lui et c'était bien ce qui l'aga?ait. En particulier quand il avait ce petit sourire qui semblait lui murmurer ? Oh ne me dis rien, j'ai déjà deviné ?. Mais dans cette situation, Hisoka avait l'air très sérieux. Il ajouta toujours sur le même ton :

? Tu as tort. ?

Irumi dissimula sa surprise. Sur quoi il pouvait bien avoir tort dans cette histoire ? Qu'est-ce qu'il lui prenait tout à coup ? Le jeu, était-il moins plaisant que prévu ?

? Si le jouet ne t'amuse plus, tu peux partir. ? souffla Irumi.

Aujourd'hui, il avait tout fait pour que ce soit le cas mais Hisoka était encore là sans qu'il ne comprenne pourquoi. Il ferma les yeux. Il ne voulait pas voir sa réaction et encore moins le voir réaliser que c'était vrai. Et le voir s'en aller. Ce furent néanmoins les lèvres d'Hisoka qu'il sentit à nouveau sur les siennes et sans réfléchir, Irumi lui céda son corps tout entier.

Il rouvrit les yeux quelques heures plus tard alors que sa tête reposait sur la poitrine de son partenaire profondément endormi. Sans attendre la lumière jour, il se leva et s'habilla sans faire de bruit pour sortir dehors. En descendant les marches du petit pavillon, il constata que la neige commen?ait à tomber. Le soleil ne se lèverait pas avant plusieurs heures. Debout, observant les troncs sombres de la forêt, Irumi apprécia le silence de la nuit et alors qu'il scrutait les ténèbres à travers les arbres, il envia ces fant?mes égarés dans le froid de l'hiver, fuyant les Enfers pour un peu de repos mais qui malgré tout trouverait dans l'obscurité la faible lueur d'une lanterne volante pour les guider.


Merci de m'avoir lue.

Joyeux No?l Takka :)