Disclaimer : Les personnages de YOI ne m'appartiennent pas, j'en use juste pour écrire de petites histoires qui me passent par la tête...

Petit mot de l'auteur :

Bonsoir,

Encore une autre histoire sur YOI... Presque au même niveau que GW, les personnages m'inspirent beaucoup. Maintenant, je n'ai pas un temps infini pour écrire et ma précédente histoire en p?tit encore d'ailleurs. Cette histoire devait être un one-shot et au final, vu sa longueur, je l'ai découpé en chapitres, que j'ai étoffé un peu du coup. Elle est terminée, i chapitres et un épilogue, donc relativement rapide à lire. Je posterai un chapitre tous les dimanches.

Je suis une fan inconditionnel de Victuuri, ils sont même presque un peu seuls au monde dans cette fic, même si certains autres personnages apparaissent au gré du récit. J'espère que cela sera assez fluide à lire et agréable bien s?r !

Ce n'est pas qu'une histoire de romance, ?a secoue par moments, donc si vous souhaitez des histoires tranquilles, évitez de lire celle-ci. Elle ne l'est pas entièrement, comme à mon habitude.

N'hésitez pas à me dire ce que vous en pensez !

Bonne lecture !

Chapitre I

Quand on y regardait bien, le regard que posait Victor sur Yuuri était empreint d'une légère douceur, d'une touche de curiosité et d'un brin d'intérêt. Pour ne pas l'incommoder d'ailleurs, connaissait la timidité excessive de son ami, Victor faisait preuve d'autant de discrétion qu'il lui était possible lorsqu'il se laissait aller à le regarder à la dérobée.

- Victor, avons-nous re?u la dernière commande ?

Sa voix calme et posée sonnait comme une douce musique à ses oreilles attentives. Le léger roulement du r de son prénom sous sa langue le faisait fondre. Depuis six mois qu'il avait postulé dans sa petite boutique, Yuuri s'était très vite adapté à son poste et Victor reconnaissait une certaine admiration pour la persévérance et l'abnégation dont son jeune assistant pouvait faire preuve dans l'accomplissement de ses t?ches. Il devait s'avouer que Yuuri était bien plus compétent et patient que lui pour les t?ches purement administratives.

- Mmmm, j'ai réceptionné trois cartons ce matin, en effet. Peut-être est-ce ce que tu cherches.

Victor se rappelait encore parfaitement du jour où Yuuri était venu candidater dans sa petite librairie, s'exprimant dans un russe quasi parfait. Si son accent, mignon au demeurant, ne l'avait pas trahi, Victor aurait pu croire qu'il était natif des terres russes. Victor pensa aussi qu'il n'y avait pas que son accent de mignon. Le jeune homme brun, aux traits résolument asiatiques, avait de beaux yeux noisette et un sourire réservé qui le charma au premier coup d'?il. Il ne savait pas exactement ce qui l'avait décidé à le choisir lui plut?t qu'un autre candidat sur le moment. Il avait pourtant eu l'embarras du choix, assistant à un véritable défilé de profils tous aussi différents les uns que les autres, à partir du moment où il avait posé la petite affichette sur sa vitrine. Mais il avait été indéniablement attiré par l'aura particulière du jeune homme, une aura qu'il aurait qualifié de douce et même pure s'il avait été grand poète. Mais il se contenterait de dire innocente et fragile, ce qui était sans doute bien plus proche de la vérité. Ce n'était pas dans une volonté moqueuse cependant : Victor adorait cette facette de son assistant.

Yuuri était donc apparu un matin devant lui, un peu timide, mais le regard résolu, qui ne reflétait que sa détermination. Outre son charme, cela avait vraiment plu à Victor.

- Tu ne les as pas ouverts pour vérifier le bon de livraison ?

Bien s?r, Victor s'était enquis de ses capacités en cyrillique, car il lui fallait ma?triser la langue mais aussi son alphabet particulier. Impossible d'espérer être pris s'il était incapable de lire la plupart des ouvrages présents dans sa boutique. Il fut agréablement surpris de voir que cela ne lui posait aucune difficulté majeure, pour la lecture courante. Yuuri lui confia alors, sans vantardise aucune d'ailleurs, qu'il aimait particulièrement apprendre de nouvelles langues, et qu'il en ma?trisait 4 couramment : le japonais, de par son origine l'anglais, parce qu'il avait vécu 5 ans aux Etats-Unis le fran?ais, juste pour le plaisir et le russe, parce qu'il se sentait particulièrement attiré par la Russie et qu'il aimait la difficulté de la langue.

Cette marque d'intelligence avait séduit le gérant de la boutique, mais aussi sa posture, ses manières posées, sa gentillesse et bien s?r, son amour pour la littérature. Il l'avait embauché immédiatement car il sentait que le feeling passerait bien entre eux et qu'il pourrait lui convenir. Convenir à Victor était déjà en soi un exploit car il savait qu'il avait un caractère un peu particulier. Pas épouvantable. Particulier.

Quand il lui annon?a qu'il était retenu, juste après leur entretien, il avait vu Yuuri se retenir de fondre en larmes à la nouvelle, caractérisant l'émotivité qu'il avait bien décelé dans leurs échanges, mais il était persuadé d'avoir fait le bon choix.

- Yuuri, tu sais bien que tu es bien plus ordonné que moi pour le faire… je te laisse volontiers cette t?che.

Et six mois après, il ne regrettait rien. Mais alors, vraiment rien. Le courant passait bien entre eux, même très bien. Une espèce d'alchimie qui prenait quand deux personnes étaient vouées à s'entendre indéniablement, comme il l'avait pressenti. Même si Yuuri était extrêmement réservé de nature, Victor avait réussi petit à petit à percer sa carapace, l'amenant à s'ouvrir un peu. Victor savait déjà de Yuuri qu'il était gourmand et qu'il adorait un plat typique de son pays nommé Katsudon, qu'il pratiquait le patin à glace de manière amateur – un point commun entre eux d'ailleurs -, que ses parents vivaient dans un petit village du Kyushu au Japon et tenaient un Onsen, qu'il était parti à 18 ans de chez eux vivre à Détroit aux Etats-Unis, où il avait étudié l'économie à l'Université pendant 5 ans, et qu'il vivait en Russie depuis presque 8 mois maintenant et qu'à part son colocataire, trouvé sur internet, il ne connaissait personne d'autre à St Pétersbourg.

Mais à part ?a, Yuuri ne parlait jamais de sa vie, de ses expériences. Victor ignorait s'il avait des amis dans les autres pays, pourquoi il avait décidé de s'installer en Russie alors que sa famille était au Japon, pourquoi il n'était pas resté aux Etats-Unis, bien plus accueillant comme pays pour la jeune génération. Sa vie sociale était un mystère. Il savait à peine que ses parents étaient toujours en vie et qu'il avait une s?ur. Mais il n'en parlait jamais. Il savait juste que Yuuri n'avait personne dans sa vie, et semblait parfaitement s'en accommoder.

- Victor, s'il manque des choses, c'est toujours plus compliqué de faire réclamation quand le livreur est parti.

A demi-mots, une phrase échappée ou un silence lourd de sens, Victor avait compris que Yuuri semblait chercher désespérément une place - sa place – dans le monde si vaste. Le fait de s'être volontairement exilé ainsi, se mettant proprement en difficulté, pouvait signifier bien des choses et Victor ne cachait pas qu'il y avait un peu réfléchi : ou il adorait les voyages, ou il détestait sa famille ou bien encore qu'il cachait ou fuyait quelque chose. Mais il n'avait pas cherché à en savoir plus : cela ne le regardait pas, après tout.

- Je te fais confiance, Yuuri ! Et le livreur n'est pas pénible avec toi, tu sais y faire s'il y a un souci ! Répondit Victor dans un sourire enj?leur.

Un soupir désabusé lui répondit. Le jeune homme haussa les épaules, abandonnant la lutte à peine commencée. Son patron pouvait être si léger et si puéril parfois. Victor sourit, en voyant Yuuri se diriger vers le petit bureau du fond, où il entreposait les livraisons en attente de pointage. La silhouette svelte et de taille moyenne de son assistant disparut en quelques secondes, et Victor reprit son inventaire dans le rayonnage. Yuuri l'aidait vraiment beaucoup depuis son arrivée, toutes les t?ches administratives et comptables avaient disparu de son planning, lui permettant de souffler un peu. Même si sa librairie – son trésor – n'avait rien d'une grosse enseigne, il devait s'avouer avec une once de fierté qu'elle devenait assez réputée sur St Pétersbourg. Il s'était retrouvé assez vite submergé par la paperasse qui devenait de plus en plus lourde, et avait de moins de moins de temps à se consacrer à la découverte de nouveaux auteurs, son vrai plaisir. Il dut se faire rapidement à l'idée qu'il avait besoin de quelqu'un pour le seconder, ce qui n'était pas pour lui déplaire.

Yuuri était parfait dans son r?le, à bien des égards, et se montrait parfaitement polyvalent, au grand plaisir de Victor. Le plaisir de la lecture se retrouvait dans les échanges qu'ils s'octroyaient souvent lors de leur pause déjeuner, qu'ils prenaient régulièrement ensemble dans l'arrière-boutique. Victor avait aussi récemment poussé le vice à l'inviter régulièrement au restaurant, pour le pousser à sortir un peu et découvrir d'autres facettes de la vie russe, notamment sa gastronomie. Yuuri avait refusé au début, mal à l'aise dans leur relation supposée hiérarchique. Mais Victor avait su le convaincre : leur relation n'avait rien de conventionnel après tout.

Yuuri réapparut assez rapidement dans la boutique, portant quelques livres dans ses bras et se dirigeant vers la vitrine qui donnait dans la rue. Victor se perdit quelques instants à regarder son teint légèrement mate, ses cheveux quelque peu indisciplinés d'un beau noir bien profond et ses yeux d'une belle couleur chocolat, dans lesquels pétillait toujours cette lueur d'intérêt. Yuuri était content de ses trouvailles, visiblement.

- Est-ce bien ce que tu attendais ? S'enquit Victor, souriant.

- Oui ! Répondit Yuuri, d'un ton enthousiaste, regardant son patron de ses yeux pétillants. Nous allons pouvoir les présenter en vitrine. J'espère qu'ils plairont aux clients.

Victor regarda à la volée les titres des couvertures et sourit.

- Ah, c'est ceux-là que tu attendais ? Hummmm … J'ai déjà des noms de clients en tête. Je ne manquerais pas de leur en faire la promotion lorsqu'ils reviendront nous voir.

Yuuri esquissa un léger sourire, et opina de la tête. Admirant la couverture du premier livre, il dit :

- De toute fa?on, tes choix ont toujours du succès, tu as vraiment du talent pour détecter les bons auteurs. Tu es vraiment, vraiment doué…

Victor ne put retenir un petit rire en entendant le ton admiratif à peine voilé de son assistant. Il était clair que Yuuri l'admirait vraiment beaucoup. Il n'était pas s?r de mériter autant de louanges pourtant.

- Yuuri, n'essayes pas de me flatter, je ne t'augmenterais pas pour ?a, répondit-il d'un ton ironique.

Le visage de Yuuri se para d'une couleur rouge écrevisse.

? Jolie couleur ? pensa secrètement Victor, qui ne se lassait pas de le mettre mal à l'aise avec ses taquineries incessantes.

- M-m-mais, papapapa- du t-tout ! Bégaya Yuuri, rouge de honte.

- Yuuri, soupira Victor, tu ne vois pas que je te fais marcher ? Tu devrais avoir l'habitude pourtant, depuis le temps…

- Je… je …

Yuuri baissa la tête, attendant que sa rougeur aux joues disparaisse.

- Tu es tellement facile à faire réagir. Mais ne change pas, Yuuri…

Victor se retourna vers ses rayonnages, sentant le regard légèrement honteux et interrogatif de Yuuri sur sa nuque. Mais il savait qu'il ne lui en voudrait pas, et qu'il reprendrait ses t?ches comme si de rien n'était. Il l'entendit se retourner et se diriger vers la vitrine.

- Makkachin, ne reste pas en plein milieu de l'allée, tu vas me faire tomber. Non, ce n'est pas l'heure des caresses… Makkachiiiiin …

La voix enj?leuse de Yuuri s'adressait clairement à son chien, un grand caniche marron que Victor avait déjà depuis 5 ans. Celui-ci l'accompagnait partout. L'appartement du russe étant à l'étage, Makkachin voyageait régulièrement entre son tapis dans le salon, et la boutique. Il adorait Yuuri, qui lui rendait bien, le couvant de caresses et de gourmandises. Encore un bon indicateur : Yuuri était vraiment l'homme qu'il lui fallait.

oOoOoOoOo

Yuuri attrapa son écharpe, son bonnet et son manteau. Sa journée à la boutique était terminée.

- J'y vais Victor ! A demain !

- Tu es s?r que tu ne veux pas d?ner avec moi ce soir ? Demanda Victor, plein d'espoir. On m'a parlé d'un japonais sympa au centre-ville…

- Non, non, c'est gentil, Victor ! Ce n'est pas que je ne veux pas mais tu sais bien que je ne peux pas me permettre de le faire tous les soirs, répondit Yuuri, avec un peu de gêne et de regret cependant. Le programme était pourtant bien tentant, et Yuuri adorait ces moments de tête à tête avec Victor.

- D'accord, je comprends, soupira Victor, cachant à peine sa déception. Sois prudent en rentrant, Yuuri. A demain.

Un dernier geste de la main et Yuuri laissa son patron terminer de ranger la boutique et la fermer pour la soirée. L'air dans la rue était glacial, l'hiver russe se montrait particulièrement froid. Yuuri remonta le col de son manteau, essayant de colmater le moindre accès à sa peau vulnérable. Il était lui aussi un peu dé?u de son refus mais il avait un budget serré à tenir. La compagnie de Victor lui était vraiment agréable, un peu trop d'ailleurs. Et ce mois-ci, Victor l'avait sollicité plusieurs fois. Il avait bien entendu la déception dans la voix de son ami, et il ne se cachait pas que cela lui avait fait presque plaisir. Il n'était donc pas le seul à apprécier ces soirées où ils d?naient en tête à tête, et où Victor, connaissant sa gourmandise, s'attelait à lui faire go?ter toutes les spécialités russes, et même d'ailleurs. Ces soirées étaient des prétextes pour échanger sur leur passion commune de lecteurs, mais aussi pour profiter de l'un et l'autre dans un autre cadre, moins professionnel. Ils s'appréciaient vraiment beaucoup, et ils en étaient conscients tous les deux.

Ses pieds le dirigèrent vers l'appartement qu'il occupait avec son colocataire, à quinze bonnes minutes de la boutique, sa situation financière de nouveau ne lui permettant pas encore de prendre totalement son indépendance. Non pas qu'il n'en avait pas envie, bien au contraire, mais il devait se montrer patient. Avoir trouvé un tel travail si peu de temps après son arrivée était une véritable chance. Il n'avait pas un salaire mirobolant mais parfaitement décent, et avec encore un peu de temps, il aurait suffisamment mis de c?té pour prendre son envol, et enfin vivre seul. En y repensant, il avait tellement h?te d'avoir son propre toit. Cela ne lui était jamais arrivé encore. Même à Détroit, il avait partagé son petit studio avec Phichit, son ex-meilleur ami. A 23 ans, il était temps de se créer un petit pied à terre, et peut-être avoir enfin le sentiment d'être chez lui.

Il se sentait heureux, comme rarement, d'avoir trouvé un travail qui lui plaisait autant. Les journées passaient très vite et il était toujours étonné lorsque le soir tombait. Cela faisait beaucoup rire Victor d'ailleurs. Repensant à lui, Yuuri ne put s'empêcher d'esquisser un sourire. Son patron était vraiment un être à part. La première fois qu'il l'avait vu, il s'était senti presque ébloui. Une beauté glaciale comme il en avait rarement vu : des cheveux argentés presque surréalistes avec une frange qui retombait devant son ?il, des yeux bleus-gris dans lesquels il serait capable de se noyer, et un corps magnifiquement sculpté. Victor faisait sans conteste parti des plus beaux partis de Russie. Quand Victor lui avait annoncé après un entretien plus que sommaire qu'il l'embauchait, Yuuri avait cru qu'il rêvait. Cet homme était un ange descendu sur terre pour l'aider, avait-il même cru un instant.

Bon, dans la réalité, Victor n'avait rien d'un ange. Yuuri s'en était vite rendu compte en travaillant avec lui : facétieux, espiègle, un peu enfantin parfois, désinvolte et doté d'une mémoire approximative, il prenait clairement un malin plaisir à essayer de faire rager Yuuri, plus réservé et pudique dans ses sentiments. Mais impossible de lui en vouloir : derrière ce caractère taquin se cachait un c?ur en or et un homme réellement investi et passionné dans ce qu'il faisait. Victor ne lui avait pas caché sa condition privilégiée : il avait été élevé parmi la caste aisée et ses parents, généreux et adorant leur fils unique bien aimé, le laissaient parfaitement à l'abri du besoin. Ouvrir une boutique de livres était son rêve depuis toujours et il avait toujours garder l'idée de pouvoir partager au public tout le plaisir qu'il ressentait en se plongeant dans un bon livre. Il n'avait certes pas besoin de cette boutique pour vivre mais elle le rendait pleinement heureux.

A ce moment-là, Yuuri avait fait ce qu'il s'était toujours refusé de faire depuis son départ d'Hasetsu, sa patrie : il était tombé amoureux. Victor avait certes des défauts, mais il le faisait se sentir important, et prenait le temps de discuter avec lui. Victor l'écoutait, prenait soin de lui à travers des petits gestes, des attentions, et il s'intéressait vraiment, il sentait qu'il n'y avait pas de comédie. Mais à c?té de cela, Victor avait cette légèreté, cette ?me un peu volatile, qui laissait penser que rien ni personne ne pourrait jamais vraiment le toucher dans son c?ur. Yuuri savait donc que jamais il ne pourrait espérer être aimé en retour. Mais peu lui importait au final, c'était même mieux ainsi. Il n'avait pas le droit de laisser Victor rentrer dans sa vie, il le respectait trop pour ?a. Il avait trop peur des conséquences s'il se laissait aller à cette erreur. Leurs sorties au restaurant étaient déjà une entorse aux règles que Yuuri s'était imposé, mais il n'avait pas pu résister, inexorablement attiré par le bel argenté aux yeux si captivants.

Plongé dans ses pensées, Yuuri, en levant les yeux, se rendit compte alors qu'il était bient?t arrivé à destination. De la rue, il vit que l'appartement était allumé. Pavel était donc déjà arrivé de son travail, et n'avait pas fermé les volets des fenêtres, le faisant soupirer. Le froid étant relativement rude, il était convenu que le premier arrivé fermerait l'appartement, pour éviter que l'air glacial ne pénètre trop et les pousse à augmenter le chauffage, co?teux. En ouvrant l'appartement, il sentit l'alcool à plein nez, le faisant de nouveau soupirer. En plus d'être négligent, son colocataire avait aussi un sérieux problème d'alcool. Il allait encore devoir…

- Yuuuuuuuuuri ! Tu es làààààààààà…

- Bonsoir Pavel, répondit Yuuri, fixant d'un air désespéré l'épave qui se dirigeait vers lui en titubant.

Son colocataire, un véritable russe répondant au doux nom de Pavel, pouvait être parfaitement adorable lorsqu'il était sobre, mais particulièrement pénible lorsqu'il avait bu. Yuuri l'avait contacté via une plateforme internet, qui permettait de se mettre en lien avec des personnes recherchant des appartements en colocation. Ils avaient les mêmes attentes, partager un appartement plut?t sur du court/moyen terme en attendant de pouvoir vivre seul. Enfin, c'était ce que Pavel avait dit à Yuuri. Le japonais en doutait de plus en plus après ces 8 mois à le c?toyer.

- ?a fait des heuuuuures que… je t'attends, Yuuuuuri, bougonna ledit Pavel, le regardant d'un air vacillant.

- Tu n'as pas été travaillé aujourd'hui ? Tu as encore trop bu, Pavel, le réprimanda doucement Yuuri, en essayant d'éviter les mains qui voulaient le toucher, tout en ?tant son manteau pour le poser sur le portant de l'entrée. Il jeta un regard sur le désordre du salon, une bouteille de vodka quasiment vide tr?nait misérablement sur la table basse, et la forme avachie du canapé lui indiqua que son colocataire était encore assis là quelques minutes plus t?t.

- Tu n'es pas ma mère, Yuuuuuuuuri… Grogna Pavel, la bouche p?teuse. Et j'ai juste pris deux verres…

- Tu as arrêté de compter après ? Ironisa Yuuri. Vu comment tu es, ?a n'en fait pas que deux que tu ingurgites. Tu devrais aller te coucher.

- Avec toi, Yuuri.

Yuuri déglutit. Il essaya d'oublier cette boule au ventre qui lui serrait l'estomac. Une nouvelle fois, Pavel recommen?ait avec ces avances. Il le rejetait pourtant à chaque fois. Mais son colocataire refusait de comprendre que Yuuri ne voulait rien avoir à faire avec lui. Il se prépara à battre en retraite tranquillement vers sa chambre, pour éviter une nouvelle confrontation. Il était fatigué ce soir et Pavel pouvait se montrer un peu trop entreprenant si Yuuri lui laissait la moindre ouverture. Ils partageaient en commun la cuisine et le petit salon mais ils avaient chacun leur chambre avec un petit cabinet de toilette, préservant ainsi leur intimité.

- Pavel, je t'ai déjà dit que ce n'était pas possible. Ne me le fais pas répéter à chaque fois, c'est désagréable pour nous deux. Rejeta une nouvelle fois Yuuri, la gorge un peu serrée.

- Je suis capable…de te donner du plaisir, mon Yuuriiii. Ne t'inquiète pas, je prendrais soin de toi. Je sais comment m'y prendre… Tu vas adorer ?a.

Le colocataire de Yuuri le regarda avec une lueur indéfinissable dans les yeux.

Yuuri fron?a les sourcils, et cette fois, son ton était légèrement f?ché :

- je ne suis pas ton Yuuri, Pavel. Et je ne suis pas du tout intéressé. Puisque tu ne veux pas m'écouter encore une fois, je te souhaite une bonne nuit. Je vais me coucher. Tu devrais faire de même.

Le jeune japonais tourna le dos à son colocataire, lui signifiant que leur conversation était terminée. Pavel n'avait jamais été violent dans ces situations, maintes et maintes fois répétées depuis leur cohabitation, il était juste très collant et très insistant quand il était comme ?a. C'est pourquoi Yuuri ne réalisa pas tout de suite qu'il était violemment agrippé en arrière et projeter face contre terre. Il n'eut pas le réflexe de se protéger alors que sa tête heurta violemment le coin de la table basse, avant de tomber au sol.

La douleur lui vrilla le cr?ne, alors qu'il essaya de se remettre debout, en titubant. Complètement hébété, il toucha son front douloureux, sentant un liquide poisseux coller sur sa peau. Il resta un peu interdit, sans réellement comprendre ce qui se passait. Mais Pavel n'en avait visiblement pas fini. Il sentit soudainement l'homme le saisir par derrière et l'attirer à lui pour vraisemblablement l'emmener dans sa chambre. Yuuri réalisa que la situation lui échappait complètement :

- Pavel, ?a suffit, arrête ! Hurla-t-il, terrorisé. Arrête, arrête, arrête !

Le hurlement sembla agir comme un électrochoc sur l'homme alcoolisé, qui l?cha soudainement Yuuri, qui retomba au sol. Yuuri se releva alors aussi promptement qu'il le put et profita de sa libération pour courir vers sa chambre et se barricader en sécurité.

Il ne sut pas combien de temps il resta le dos contre sa porte, comme un geste désespéré pour se protéger. Son c?ur battait à tout rompre, semblant de pas vouloir se calmer avant un bon moment, ce qui n'était pas du tout bon signe chez lui. Il devait se calmer. Dans le brouillard, il entendit les pas de son colocataire se diriger vers sa propre chambre. Le bruit de la porte qui claque dans l'appartement le fit sursauter puis plus aucun bruit ne vint percer le silence lourd qui succéda à tout ce désordre. Yuuri se prépara alors à passer une très mauvaise nuit.

A suivre...

A très vite !