Bonjour/Bonsoir, cette idée me trotte dans la tête depuis un petit moment, je voulais essayer de la développer. N'hésitez pas à me dire ce que vous en pensez dans les reviews, c'est tellement chouette d'avoir vos avis/réflexions. Au-delà d'avis sur le contenu en lui-même, n'hésitez pas à partager vos réflexions sur vos visions de ces deux personnages si intéressants !

Bonne lecture à vous !

Jarod avait pris toute la mesure de sa solitude quelques jours après son retour de Carthis. Dans un aéroport d'une ville moyenne, il observait les arrivées. Il n'avait pas réalisé que la date de son voyage co?ncidait avec celle des vacances de Thanksgiving. De ce fait, alors qu'il descendit de son avion, il fut contraint d'être de témoin des retrouvailles poignantes de plusieurs familles. Il constata avec un pincement au c?ur que personne ne l'attendait aux arrivées. Lorsqu'il pénétra dans son nouveau logement froid et impersonnel, ce fut le coup de gr?ce. Il était si seul et épuisé. Il se jura de remédier à cette situation afin que dans un futur proche, il soit attendu lui aussi à la sortie de l'avion.

Il se rendit rapidement à l'évidence : il ne pouvait se concentrer sur ses retrouvailles avec sa famille au complet s'il continuer d'entretenir des liens avec le Centre. La course poursuite constituait un investissement chronophage et dangereux. Chaque trouvaille générait de nouvelles questions, et tout semblait être fait pour le décourager. De surcro?t, il se sentait perdre pied, il était happé par une version sombre de lui-même qu'il n'aimait pas regarder en face. Dans son petit studio, il fut porté par une détermination nouvelle. Il se répéta qu'il avait le droit d'être libre et aimé par les personnes avec lesquels il partageait des liens de sang. Sa rage contre des années de douleur, de mensonge et de torture lui permit d'engager les premières démarches concernant les membres de sa famille. Il se concentrerait d'abord sur l'acquisition de plusieurs biens loin de Blue Cove, puis la préparation de nouvelles identités et enfin, il contacterait son père. Retrouver Margaret serait l'obstacle final avant qu'il ne puisse espérer réunir les siens sous le même toit.

Si les premiers jours après la prise de cette décision le galvanisèrent, il sentit rapidement que quelque chose le retenait. En effet, il ne cessait de penser à ses derniers échanges physiques et téléphoniques avec celle qu'il considérait autant comme son amie d'enfance que son ennemie. Avant de couper complètement les ponts, il désirait une dernière confrontation.

C'est pour cette raison, qu'il se planta devant la porte arrière de la maison de Parker, le premier soir de décembre. Plusieurs minutes durant, il chercha le courage d'entrer dans la grande demeure. Il joua mentalement les scénarios envisagés, se rendant à l'évidence que l'issue de cette confrontation pouvait être désastreuse.

Ce fut comme si Parker l'attendait. Son instinct lui criait depuis plusieurs semaines que le silence de Jarod était significatif d'un changement dans leur dynamique. Elle sentait au plus profond d'elle qu'il préparait quelque chose. Elle envisageait même la possibilité qu'il brave les interdits de leur jeu pour la rencontrer en personne.

Lorsqu'il pénétra dans sa cuisine, il fut surpris de la trouver devant lui. Par habitude, ils exécutèrent leur routine avec brio. 9 mn. Mensonges. Accusations. La totale. Jusqu'à ce que Jarod décide qu'il était temps de sortir de leurs r?les respectifs. Il lui fit alors part de toute sa lassitude, de ses angoisses. Il lui raconta même avoir observé cette famille aux arrivées avec douleur et envie. Elle ne fut pas étonnée d'entendre qu'il prévoyait de ne plus entretenir les liens qui l'unissaient avec le Centre. Et quand il réitéra sa proposition faite sur le tarmac quelques mois plus t?t, elle ne changea pas d'expression. Pour se protéger, elle choisit d'utiliser son mécanisme de défense principal : l'agressivité. Elle le repoussa avec véhémence, allant jusqu'à se moquer de ses ambitions. Mais, Jarod n'accepta pas d'entrer dans son jeu, il estimait mériter respect et honnêteté, lui qui prenait des risques pour la confronter une dernière fois. Il décida alors à se laisser emporter par sa propre colère, lasse d'entendre la jeune femme le traiter de la sorte. Rapidement la situation dégénéra, leur confrontation prit la forme d'un crescendo de paroles plus dures les unes que les autres. Le seul objectif de leurs dires fut de blesser l'autre.

? Tu es l?che. Complètement pétrifiée par la peur, et tu ne fais rien à part te complaire dans ta vie si misérable. ?

? Tu dis que je suis cruelle ? Jamais tu ne te remets en question. Combien de fois tu m'as fait courir dans tous les Etats-Unis, en me torturant, m'humiliant, me confrontant sans mon aval à des éléments particulièrement traumatisants ? Toi qui parles depuis tout à l'heure de respect et d'honnêteté, tu fais tout l'inverse ?

? Tu vas finir seule, avec pour consolation une bouteille de Scotch et une maison vide.
- Tu finiras seul aussi, complètement englouti par ton égo surdimensionné. ?

? Tu es complètement dysfonctionnel. Comment peux-tu espérer une seule seconde avoir la même vie que monsieur et madame tout le monde que tu passes ton temps à essayer de sauver. ?

? Celle que tu étais il y a vingt ans serait si triste et enragée si elle savait ce que tu as fait de sa vie ! Et je ne te parle pas de ta pauvre mère… ?.

L'évocation de Catherine Parker sonna le coup de gr?ce. Sans réfléchir une seconde, la jeune femme lui envoya son poing dans la m?choire, d'une force qui dérouta totalement Jarod. Celui-ci fut bousculé par l'impact, sentant immédiatement le c?té de son visage le br?ler. Ils s'observèrent un instant dans un silence entrecoupé par le bruit de leurs respirations. Se remettant du choc, il se surprit lui-même lorsque dans sa colère, il s'élan?a vers Parker pour la pousser violemment. Elle rencontra le mur derrière elle dans un bruit sourd. Un cadre accroché non loin de là s'écrasa aux pieds de la jeune femme. Le son du verre se brisant attira le regard des deux individus, rompant pour la première fois depuis plusieurs minutes le contact visuel avec l'autre. Lorsqu'ils levèrent les yeux, ce fut comme s'ils furent frappés par la violence de leur échange verbal et physique.

Jarod put lire une sorte d'incrédulité dans les yeux de la jeune femme, sans savoir que les siens reflétaient la même émotion. Ils étaient tous les deux estomaqués et pétrifiés. La coexistence pacifique qu'ils entretenaient depuis toutes ces années venait de voler en éclat. Se contemplant mutuellement et calmant leurs respirations laborieuses, ils se demandèrent silencieusement ce qu'adviendrait de leur relation. Ils avaient fait preuve d'une honnêteté des plus blessantes. Ils avaient l?ché les chiens sur l'autre, sans retenue. Que resterait-il à présent ?

La réponse à cette ultime question arriva rapidement, lorsque comme deux aimants, ils s'entrechoquèrent. Leurs dents claquèrent et leurs respirations redevinrent plus difficiles au contact de l'autre. S'agrippant de manière frénétique, ils voulaient se consumer, s'abandonner et sceller une trêve silencieuse. Ils n'échangèrent pas de mots, ils n'en n'avaient guère besoin. Et lorsqu'ils glissèrent haletants au sol, ils ne partagèrent pas d'embrassade. Ils restèrent muets, tous les deux plongés dans leurs pensées. Sans savoir que l'autre faisait la même chose, ils pensaient tous deux au fait que ce qu'ils venaient de faire était inévitable.

Jarod finit par se lever. Assise au sol, le dos contre le mur contre lequel il l'avait poussé plus t?t, elle le suivit du regard. Il lui tendit la main et fut presqu'étonné quand elle l'attrapa. Il l'aida à se lever. Une fois à la même hauteur que lui, ils ne rompirent pas le contact. Parker sentit les doigts de l'homme avait qui elle venait de partager un acte aussi animal qu'intime, se serrer autour des siens. Elle fit de même en réponse et hocha la tête. Ils s'observèrent un court instant avant qu'ils l?chent respectivement les doigts de l'autre. Jarod finit de fermer son pantalon, tandis que Parker resserra la ceinture de son kimono. Une fois chose faite, il se dirigea vers la porte par laquelle il était entré plus t?t. Avant de l'ouvrir, Jarod lui jeta un dernier regard mais elle resta interdite.

Ce soir-là, ils ne savaient pas que cette expérience marquée par une certaine primalité fut le point de départ d'un renouveau significatif dans leur relation. Jarod décida de ne pas couper complètement ses liens avec le Centre. En un sens, il les renfor?a même. Ils venaient d'ouvrir la bo?te de Pandore. Les deux amis d'enfance furent rapidement contraints de constater qu'il était impossible pour eux de se passer de cette nouvelle forme de contact.

En effet, exactement une semaine plus tard, Parker re?ut un appel tardif. En décrochant, elle savait pertinemment qui l'attendait à l'autre bout du fil. Elle ne le salua pas de son éternel ? Quoi ? ?. Elle attendit. Mais il se trouva pour la première fois depuis si longtemps à court de mots. C'est ainsi qu'ils restèrent silencieux plusieurs minutes durant, incapables de revenir sur ce qu'il s'était passé plus t?t. Dans ce silence, chacun se replongea dans leur échange primaire et peu à peu, ils constatèrent que la respiration de l'autre s'accélérait dangereusement. Ce fut Parker qui finit par rompre le silence : ? Seulement du sexe ?.

? Seulement du sexe ? répéta-t-il avant de mettre fin à leur communication.

Deux heures plus tard, il se glissait dans la chambre sombre de Parker. Le début de la fin.

TBC...