Disclaimer : Kill Ben Lyk est l'oeuvre d'Erwan Marinopoulos.

Résumé : Parfois, il arrive que son arrière grand-mère le regarde sans le reconna?tre. Et c'est ?a qui fait le plus de mal à Roberto. [Kill Ben Lyk]

Liste des dettes du Discord ? Défis Galactiques ? : Pour la journée mondiale de la maladie d'Alzheimer - 21 septembre + 50 nuances de fandom méconnu + Liste 34 1. Présence de fluff 2. Présence de drama 3. Interdiction d'utiliser le mot "ciel" 4. Doit y avoir de la musique + Quatre aspects du Petit Prince (de Saint-Exupéry) : Rose : écrire sur quelqu'un qui offre des fleurs ou sur quelqu'un qui veille sur un autre

La maladie de l'oubli

Tous les mardis, Roberto se rend dans une maison de repos en dehors de Londres installée dans la campagne pour le bien-être de ses résidents. Et quand il ne peut pas y aller ce jour-là, il y va dans la semaine mais préférerait se couper la jambe que de manquer ce rendez-vous. Les rares fois où il n'y va pas, c'est parce que la météo rend le voyage dangereux ou parce qu'il est coincé au lit avec de la fièvre. Avant de se rendre là-bas, il s'arrête toujours chez le même fleuriste, achète le même bouquet de roses à la couleur fushia qui évoque les pétales du silène d'Elisabetta, la fleur que son arrière grand-mère, immigrée venant de la Lombardie, adorait quand elle vivait encore en Italie. Car c'est bien elle qu'il va voir en ces débuts de semaine. ? Nonna Roberta ?, car le jeune homme a été prénommé en hommage à son ancêtre, y est depuis quelques temps, sa santé physique étant toujours assez bonne malgré l'?ge avancé mais la tête ne suit plus.

Elle est atteinte de la maladie d'Alzheimer.

Et si dans ses bons jours elle est capable de se gérer, dans les mauvais elle est un danger pour elle-même.

Ce sont les parents et grands-parents de Robbie qui l'ont placée mais de toute la famille, c'est lui qui va lui rendre visite le plus souvent. De ce qu'il sait, Magdalena lui amène son fils, Anwar, tous les mois. Mais au final, c'est le renié des Leone qui honore le plus son sang en terme de fréquence, même s'il dirait qu'il le fait parce qu'il le peut, il a le temps.

Et surtout, dans toute sa famille, elle est la seule à avoir élevé la voix quand il a été mis à la porte.

Elle a insulté son petit-fils de tous les noms d'oiseaux, en anglais hésitant comme en italien ma?trisé. Quand elle a su où il était installé, elle a appelé Ben, l'a remercié de sa gentillesse et a versé à son arrière petit-enfant un peu d'argent régulièrement pour qu'il puisse faire tout ce qu'il y avait à faire pour ne plus être dérangé par ? ses saloperies de bigots ?.

Il arrive parfois qu'elle ne le reconnaisse pas quand il vient. Elle le prend pour un infirmier ou pour un jeune homme très gentil qui vient voir ? les vieux cro?tons ?. La première fois qu'il l'a vue en crise, il a aper?u l'étendue de l'horreur du mal qui la ronge. Il en a voulu à la terre entière, à Dieu aussi, de faire souffrir ainsi une femme qui a toujours été bonne, altruiste malgré une langue piquante alors que des pourritures vivaient tranquillement sans même avoir un simple rhume. Cette vision l'a hanté longtemps. Et malgré le temps qui passe, quand elle pose sur lui ses yeux, ses pupilles dont il a héritées, un regard qui ne le reconna?t pas, son c?ur saigne toujours autant parce que lui, il se souvient. Il se souvient des voyages en Italie avec elle sur la tombe de ses a?eux. Il se souvient des ch?teaux de sable, des parties de jeu de dada ou de l'oie, de la préparation des p?tes fra?ches qu'elle faisait avec lui. Ce n'est pas pour rien que c'est à elle qu'il a fait son coming-out en premier. La plus ?gée et pourtant, alors qu'on aurait pu lui donner l'excuse de la génération ancienne qui a du mal à comprendre, elle l'a accepté avec une facilité déconcertante.

- Mon petit, si tu n'es pas prêt à avoir un enfant différent des autres, autant t'abstenir d'en faire ! C'est le bon Dieu qui décide de qui est et de comment sera ton enfant pour ces choses-là.

Alors oui, quand elle le fixe comme un étranger, quand son nom lui échappe, il se sent soudain orphelin et ne s'y fait jamais.

Aujourd'hui, Ben l'a accompagné. Elle est dans sa chambre, écoute sur une radio que lui a achetée Roberto la chanson ? Bella Ciao ?, l'air des résistants italiens. C'est le vidéaste qui l'a mise sur une clé USB, les aide-soignants ont juste à l'insérer sur le c?té.

- Bonjour Nonna. Sourit Robbie

- Bonjour, Mrs Leone. Renchérit son compagnon

Roberta lève la tête et a un sourire éclatant en apercevant les fleurs.

- Oh, comme mes silènes d'Elisabetta !

La vieille femme a l'excitation d'une enfant.

- Comment ?a va, aujourd'hui ?

- Tu es là, mon Robbie, ?a ne peut qu'aller bien ! Et en plus, tu es venu avec ton Jules ! Vous êtes tellement beaux tous les deux ! Il faudra penser à m'inviter à votre mariage ! Je suis vieille mais j'ai le pied encore bien s?r !

Le couple échange un regard.

- Tu... Tu te souviens de moi, Nonna ?

- Oublier mon arrière petits-fils ! Franchement ! C'est mon cerveau qui est malade, pas mon c?ur ! Viens là !

Ben sourit quand il voit les deux s'enlacer. Aujourd'hui est un bon jour, un jour pour se forger encore plus de souvenirs. Et lui, il se jure une chose : ?a serait bien de parler de la maladie sur Youtube. Ou sur Insta. Pas pour se faire mousser. Pour alerter. Par moment, lui-même a peur de vivre la même chose avec sa propre grand-mère. Et c'est quand même une honte qu'à leur époque, il n'y ait rien pour guérir de ce mal.

- Sinon, Mrs Leone, vous croyez vraiment qu'on ne vous inviterait pas au mariage ? Vous êtes la première sur la liste !

- Sinon, Ben, il me semble que je t'ai déjà dit de m'appeler Nonna. Je suis peut-être sénile mais pas encore à jeter ! Blague à part, racontez-moi vos nouvelles aventures, les jeunes. Les Lykers, ils envoient toujours des lettres gentilles ?

FIN