Temps - 121 mots

Pour Daisy, le temps n'avait jamais eu d'importance. C'était une Célestellienne, elle ne grandissait pas à la même vitesse que les mortels, ce qui pouvait leur faire dire qu'elle ne vieillirait jamais. C'était pourtant le cas, mais le temps n'avait pas sur elle la même emprise, ni la même force. Elle avait vu changer la Terre, depuis qu'elle était venue au monde des racines de l'Yggdrasil. Les cieux avaient changé de couleur au-dessus de sa tête, les villes s'étaient construites et désagrégées, les humains étaient venus au monde et étaient morts, inlassablement. Perchée sur un promontoire rocheux, là-dessous au Protectorat, Daisy observait les mortels. Les cieux commen?aient à changer au-dessus d'elle, mais ce n'était pas grave. Elle avait tout son temps.


Oiseau - 107 mots

Aquila, Colombe, Apodis, Noctua, Cygne, Paona, Corvus... Les siens portaient souvent le nom d'un oiseaux, cet animal aussi noble et aussi léger que le vent, qui fendait le ciel et les nuages sur ses belles ailes garnies de plumes. Daisy avait souvent volé parmi eux, de ses petites ailes délicates de Célestellienne encore recouvertes de duvet, et ?a avait été tellement bon. Elle n'avait plus rien de céleste, à présent, si ce n'était ses souvenirs d'une vie lointaine, et c'était souvent avec tristesse qu'elle contemplait ces beaux oiseaux fendre le ciel, alors qu'elle-même était clouée au sol pour l'éternité, privée de son auréole et de ses ailes.


Guitare - 119 mots

Phénix se haussa sur ses coudes, étonnée, et se glissa plus près de son compagnon pour observer ce qu'il faisait.

"Qu'est cela ? s'enquit-elle, curieuse, en pointant du doigt le curieux instrument de bois traversé de cordes fines et brillantes, et qui produisait une douce musique.

-C'est une guitare, ma chère Phénix, sourit Loris . Tu vis depuis des siècles et tu n'en as jamais vues ?

-Pas à Chérubelle, répliqua la jeune Gardienne. Tu veux bien continuer de jouer pour moi ?"

Le jeune prête acquies?a et continua de pincer délicatement les cordes de l'instrument. Phénix ferma les yeux et sourit.

"C'est la musique la plus pure que j'aie jamais entendue depuis que j'ai quitté l'Observatoire, assura-t-elle solennellement".


Ange - 152 mots - Je dédie ce drabble à mon arrière-grand-mère, qui est morte la nuit où j'écrivais ce texte. Mamie, si le Paradis existe bel et bien, j'espère que tu as retrouvé ton papa, ta maman, tes frères et ton mari qui t'ont tellement manqué durant tout ce temps.

Parce que Bram avait été un Célestellien jadis, et parce que Loris et Calipso avaient touché à l'essence même du mystique, ils étaient assez bien placés pour étudier les changements de spiritualité chez les mortels. Tout souvenir des Célestelliens avait purement et simplement disparu de leur esprit, mais il en restait quelque chose... une nouvelle figure mystique qu'ils se mirent à appeler ange. A l'image des statues de Gardiens ailés en prière qui se trouvaient dans chaque ville, on disait que cette créature pouvait les protéger du mal. Réunis au pied de la statue de Chérubelle, Bram, Calipso et Loris observaient ses grandes ailes en pierre et son auréole. Non, les mortels n'avaient pas tort. Il y avait bien un ange, là-haut, qui les guidait et les protégeait du mal. Leur chère Phénix, leur compagne de voyage tombée au combat pour protéger l'humanité. Ils le savaient. Car eux aussi, elle les protégeait.


Arbre - 121 mots

Pendant de longues, très longues heures, Phénix n'était pas parvenue à s'extraire des racines de l'arbre. Elle était restée là, roulée en boule dans l'herbe, nullement effrayée par les monstres qui, de toute fa?on, sentaient sa puissance et la fuyaient. De toute manière, il n'y avait pas de place dans son coeur pour l'effroi, il était tout entier broyé par un chagrin tel qu'elle n'en avait jamais connu. Elle avait tout perdu. Sa maison, son peuple, ses pouvoirs célestelliens. Il ne restait d'elle qu'une mortelle, privée pour toujours de ce qu'elle avait toujours connu. Et Bram, Calipso et Loris ne pouvaient que l'observer, impuissant, sanglotant au pied de l'arbre bleu comme s'il avait le pouvoir de la ramener à la maison.