Noir est une histoire parallèle à Brumes. Elle commence en même temps que le chapitre 6 de cette autre fanfic. Elle est cependant lisible sans la lecture de celle-ci je pense. En revanche, si vous ne connaissez pas l'univers, je vous conseille de commencer par Brumes. Dans celle-ci, je prends le temps de poser les bases pour que cela soit lisible même sans être familier d'Overwatch. Ce ne sera pas forcément le cas ici sur tous les points déjà abordés.

Contrairement à Brumes, je n'assure pas un chapitre par semaine mais je ferai au mieux pour vous en fournir aussi souvent que possible :D

Chapitre 1

Overwatch était en train de renaitre de ses cendres et quand Winston avait lancé le rappel, Jesse avait hésité un moment avant de réaliser qu'il n'avait pas grand-chose à perdre. Il ne s'était pas réellement reconstruit après son départ de Blackwatch peu de temps avant la chute. A dire vrai, il avait été parmi les premiers à rejoindre Winston, avant même que Jack décide d'en faire de même. Et aujourd'hui, il n'avait été que trop ravi de pouvoir faire vrombir le moteur du véhicule qu'on venait de lui confier. La journée s'annon?ait bien.

Pour la mission qui les occupait aujourd'hui, on leur avait donné une fausse identité à chacun. Il avait apprécié l'effort pour la sienne. Elle était loin l'époque où ils avaient les moyens de Blackwatch pour avoir des faux papiers aux petits oignons mais là, c'était un petit cadeau qu'on lui faisait. Aujourd'hui, il était David Karsten, vieux roublard de la route, qui avait décidé de s'offrir une virée à moto avec sa jolie conquête du moment. Et pour l'occasion, on lui avait confié une moto comme il en avait rarement touché ces dernières années. Et si la journée lui semblait bonne, elle devint excellente quand il vit arriver Angela.

La suisse allait donc jouer le r?le de la jeune femme folle d'aventure qui avait saisi l'occasion au vol pour voyager avec lui. Et bon sang, elle savait jouer un r?le. Il ne s'était pas attendu un instant à cela quand il la vit arriver dans une tenue de cuir parfaitement ajusté à son corps. La démarche assurée comme si elle avait toujours porté ce genre de tenue, elle s'était dirigée vers lui avec un sourire plein de charme. La voir enjamber le véhicule l'aurait bien fait saliver s'il n'avait pas senti le regard lourd posé sur lui. Il avait décroché un large sourire à Jack qui venait d'accompagner le médecin jusqu'au garage avant de lui faire un petit coucou, lui offrant le sourire le plus innocent qu'il avait dans son catalogue.

? Promis, je veille sur elle ?

Un petit reniflement amusé lui répondit.

? C'est elle qui va veiller sur toi. Allez, bonne route. ?

Et il avait fait vrombir le moteur avant de lancer le véhicule sur la route avec un petit cri de joie. Il avait vaguement entendu rire Angela, collée dans son dos.

D'ici quelques heures, ils auraient rejoint les autres pour se lancer à l'assaut d'une base de la Griffe dans laquelle celle-ci menait des expériences des plus inquiétantes sous la tutelle de Moira. De la moto, une jolie fille collée dans son dos et une petite fusillade, la journée s'annon?ait décidément vraiment bonne.

Le plan se déroulait plus ou moins sans accroc jusqu'ici. Oh, ils semblaient ne jamais tomber à court d'effectifs de l'autre c?té mais leur équipe était efficace, même diminuée de l'appui de Soldat76 et Ana qui courraient quelque part dans les couloirs de la base en traque de l'objectif secondaire de cette mission : Faucheur.

Jesse McCree abaissa son chapeau sur sa tête avec un petit grognement. Puis dans un geste ample accompagné du mouvement souple de son poncho, il sortit à découvert et déchargea son six-coups sur ses adversaires. Aucune balle ne fut vaine et il plongea rapidement à un autre abri, esquivant les représailles qu'il sentit passer non loin derrière lui et qu'il entendit nettement faire impact sur un mur deux mètres en retrait.

Cela faisait déjà plus d'une quinzaine de minutes qu'ils étaient en pleine guérilla au milieu de la base de la Griffe. Aucun ne semblait vouloir laisser l'autre prendre le dessus. Et ils étaient nombreux. Il plissa le nez tout en remettant des balles dans le barillet. Trop nombreux. Pas qu'il n'aime pas les défis en règle générale mais il se demandait un peu si tout cela rimait vraiment à quelque chose.

? Ils ont plus d'effectifs que prévu. ? Il sentit dans sa voix son propre souffle exténué alors qu'il refermait son arme chargée, prêt à lancer un autre assaut.

? Pas vraiment, mais ils ont de l'artillerie lourde. A couvert. ? Hanzo lui répondit directement sur le canal radio qu'ils utilisaient pour se faciliter la communication. Le japonais qui jusqu'ici était en hauteur, bien à l'abri sur le toit d'un immeuble voisin, en train de cribler de flèches toute cible à sa portée et annon?ant les arrivées pour prévenir ses partenaires disparut de sa vue. Quoi qu'il ait vu, visiblement, on changeait de catégorie.

C'est la démarche lente et un peu maladroite d'un énorme bipède de métal qui lui répondit. Il sentit les cheveux de sa nuque se hérisser. ?a puait. Mais là, vraiment.

? C'est quoi ce truc ? ? avait demandé Hanzo, de la tension dans la voix, juste avant qu'une rafale de balles ne soient tirées. L'américain risqua un regard. A c?té de l'engin, les troupes d'assaut lourd de la Griffe sembleraient certainement beaucoup moins impressionnante. Posé sur deux lourdes jambes de métal, l'appareil à la carlingue noire striée de rouge et affligé du logo de l'organisation criminelle avait des allures de machines de mort. Il se remit alors à couvert en analysant la situation. Ce n'était pas une machine de son catalogue ?a. Un prototype ?

Forcément, en attaquant un laboratoire, il fallait s'attendre à tomber sur quelques petites choses originales. Ils allaient galérer un peu plus visiblement. Du coin de l'?il en se redressant pour aviser la situation, il vit Genji relever le défi. Le japonais bondit pour atteindre le dos de la machine, roula sur le c?té quand celui-ci bougea trop vivement et se rétablit en glissant le long du flanc opposé, se ralentissant en plantant son sabre dans le blindage. Du moins, c'est ce qu'il aurait voulu faire mais celui-ci entama à peine le métal. Tant pis pour le spectaculaire.

Jesse eut un soupir qui aurait pu passer pour du désintérêt total de la situation et sans croire vraiment à une réussite à son action, sorti de sa cachette pour décharger son arme sur la cible devenue prioritaire. Il eut le temps de voir, avant de plonger à couvert, que la machine avait à peine réagi. Là, ils auraient bien eu besoin des roquettes de Morrison. Mais non, celui-ci préférait courir après des fant?mes. Il se demandait vaguement si l'ancien commandant s'inquièterait autant de sa perte que de celle de Gabriel Reyes. Sans doute pas.

Ah si, il y avait eu une réaction. La machine avait visiblement considéré que Genji n'était qu'un moustique aga?ant et avait retourné son arsenal vers la planque de l'américain. Il sentit le vieux mur à moitié éclaté vibrer dans son dos et tira une grimace. Cette puissance de feu.

? Reculez, reculez ! ? Il entendit la voix de l'ainé des Shimada et le repéra en train de courir pour se rapprocher, une flèche encochée prête à être l?chée qui fut tirée en visant une zone de l'engin que Jesse identifia soudainement : un cockpit. Ce machin n'était pas un robot géré par une intelligence artificielle mais avait un pilote.

Une nouvelle fois, il changea son centre d'attention pour se concentrer sur ce nouvel adversaire. Mais le moustique revenait à l'assaut. Pivotant violemment, il envoya Genji au loin.

?a vole plut?t bien le japonais, surtout quand ?a pèse si peu, nota l'américain. En revanche, il grima?a quand il vit l'atterrissage sans douceur contre un mur.

Le méca avan?a d'une démarche étrange qui prouvait qu'il manquait certainement d'équilibre. Si l'engin n'avait pas été armé de manière aussi lourde, il aurait peut-être souri d'amusement mais là, ni lui ni Hanzo ne seraient bient?t plus à couvert. Mais où étaient les autres ?!

Du coin de l'?il, il vit Genji tenter de se relever for?ant sur ses bras mais ses jambes refusaient de suivre pleinement le mouvement. Et ce n'était certainement pas le seul endroit touché à l'entendre r?ler d'une voix pleine de douleur ? J'ai besoin de soins. ?

Bon, les autres puisque Genji était visiblement hors-jeu ? Il entendit vaguement Hanzo répéter à son frère de reculer alors qu'il tentait de repérer chaque membre de l'équipe.

Mei était occupée à renforcer les murs de glace qu'elle avait dressé pour empêcher l'arrivée de renforts et il l'en remercia. Cette chose était bien suffisante pour les occuper pour l'instant.

La tourelle de Torbjorn était visiblement hors service pour l'instant, première victime du prototype quand il était arrivé sur le champ de bataille et celui-ci faisait son possible pour la remettre en état, sa garde assurée pendant ce temps par Reinhardt qui fulminait en jouant du marteau contre ceux qui approchaient, même si son regard revenait parfois à l'engin de mort avec l'envie nette de foncer dessus.

D'accord, pour l'instant, ils étaient seuls contre cette horreur mécanique. Fantastique. Tant qu'à jouer au tête-à-tête avec le japonais, il aurait trouvé ?a plus amusant sans cette énorme masse de métal tueuse entre eux. Enfin les gouts et les couleurs… Il leva de nouveau son arme, sans trop savoir à quoi ?a rimait, à part dire qu'il agissait et user quelques balles.

? Je m'en occupe ! Ecartez-vous ! ? La voix de Tracer l'avait fait sursauter. Où était elle? Et il la vit. Du moins, il la devina dans le flot de mouvements incessants de celle-ci. Qu'est-ce qu'elle foutait ? Puis il comprit. Elle était en train de truffer le robot de ses explosifs. L'idée avait des chances de marcher. C'était même plut?t ingénieux.

Et l'instant d'après, son regard se porta sur Genji qui se trainait proche du centre du conflit. Vraiment trop proche.

Alors il ne réfléchit pas plus loin. Il se mit à courir comme s'il avait la mort aux trousses en direction du japonais.

? Holy Hecking god damn cow… Tracer! Non! Genji est…"

La suite ne fut pas bien claire. Il s'était vu déraper pour couvrir le japonais à terre de son corps. Il avait protégé sa propre tête de son bras mécanique quand la première explosion avait secoué l'air, suivie d'autres, chacune tonnant plus fort que la précédente. Si près. Beaucoup trop près. Il avait senti la chaleur ravager l'air. Il avait crispé la m?choire sous les multiples débris qui avaient percuté son dos. Puis la créature de métal était tombée. Il avait tourné la tête pour l'observer et avait écarquillé les yeux quand il comprit l'explosion à venir. La déflagration fut telle qu'il se sentit souffler par celle-ci, roulant un peu plus loin. Un dernier crissement d'agonie de métal puis le silence.

Ses yeux le brulaient. Ses oreilles sifflaient affreusement. Tout son corps lui semblait se rappeler à lui pour l'insulter copieusement de l'avoir ainsi mis en danger. Il lui parut une éternité pendant laquelle il ne bougea pas, ayant juste vaguement conscience de la présence de Genji contre lui, puis il sentit Hanzo venir lui attraper l'épaule et sa main s'agrippa fermement au bras de celui-ci.

? Bouge pas… ? il avait prononcé cette demande qui se voulait étrangement suppliante et pour cette fois, le japonais s'était figé, le fixant sans comprendre. Mais son regard ne croisa pas celui de Jesse. L'américain avait fermé les yeux un instant et quand il les rouvrit, ils semblaient ne pas arriver à se fixer, comme s'ils avaient du mal à le repérer. Doucement, le japonais vient glisser une main devant le visage de Jesse. Aucune réaction. Ses yeux étaient grands ouverts mais leur compagnon d'armes ne semblait pas réagir. Un frisson parcourut le dos du japonais.

Dans un silence brisé que par un sifflement incessant qui mena?ait de le rendre dingue et dans l'obscurité la plus totale, il sentit Genji bouger sous lui. Le cadet des Shimada s'en était sorti. Il eut un soupir de soulagement malgré la panique qui l'envahissait rapidement. C'était l'histoire de quelques minutes se répétait-il. Combien de fois déjà avait-il eu un assourdissement temporaire après une explosion ? Il ne les comptait plus. C'était juste l'affaire de quelques minutes. Oui, c'était ?a. Mais ses yeux. Ses yeux… pourquoi n'y voyait il plus rien ? Sa gorge se serra. Ne pas paniquer. Ne pas paniquer.

Il sentit une nouvelle main sur lui. La chaleur rassurante et les doigts fins lui permit de l'identifier comme celle d'Angela mais ses dents se serrèrent et sa poigne sur Hanzo se fit plus forte. Il se sentait trembler. Il devait arrêter. Il n'était pas le genre d'homme à s'effondrer face à l'adversité. Non, il était le genre à rire de ce genre de choses, de se moquer du danger. Et ce fut plus fort que lui. Il eut un rire nerveux alors que sa main se crispait sur le poignet d'Hanzo.

? Jesse ! ? Il capta la voix cette fois. C'était s?rement un cri mais ?a lui parut comme un murmure. Il se détendit alors. ?a allait passer. C'était la voix d'Angela et elle semblait tendue. ? Jesse, tu m'entends ? Hanzo… le laisse pas là. ?

Il sentit les bras du japonais passer autour de son corps et grogna. ? Je peux encore marcher. ?

? Tu ne vois rien… ? avait grogné l'ainé Shimada en le soulevant.

Jesse eut un petit cri étranglé de le sentir le soulever. Il avait plus de force qu'il y laissait paraitre, l'archer. En même temps, il le voyait s'exercer continuellement, ?a n'aurait pas d? l'étonner. Il s'agrippa alors fermement à son cou après avoir t?tonner pour se repérer. En d'autres circonstances, il aurait sans doute ouvertement profité pour gêner le japonais mais à cet instant, il était bien trop soulagé de sentir sa présence contre lui, comme ramenant un peu de la réalité derrière le voile noir offert à ses yeux.

? ?a va revenir… je commence à entendre de nouveau. ?

? T'es en train d'hurler. ? Au ton, il n'eut pas besoin de ses yeux pour comprendre la mine fatiguée que devait offrir celui qui le portait et certainement sa grimace d'avoir un américain lui braillant dans les oreilles.

? Ah… pardon… ?

? Ferme la… pitié… ? grin?a le japonais.

Alors l'américain se contenta de tourner la tête en tout sens. Son ou?e revenait petit à petit. Il attendait donc une amélioration du coté de sa vue d'ici peu.

? Cesse de t'agiter. ?

Mais rien ne venait, son univers restait vide. Noir. Un instant, il se retrouva dans le même état de détresse que des années plus t?t quand il avait perdu son bras, qu'il s'était rendu compte que désormais, il était désarmé et handicapé. Sa main gauche se serra fermement. Si la prothèse n'avait pas eu une sécurité l'empêchant de trop presser contre elle-même, il l'aurait sans doute abimé dans ce geste incontr?lé et dans lequel il aurait voulu laisser échapper un peu de sa panique. Non, il ne pouvait pas se laisser aller à paniquer, bordel.

? Angela… ? ?

? Oui ? ? Elle posa sa main sur son épaule comme pour lui assurer qu'elle était là.

? Mes yeux. ?

? ?a va aller. Tu les as exposés à une lumière et une chaleur bien trop élevées. C'est…. C'est sans doute temporaire. Je dois regarder ?a de plus près mais… ?

? Tu dis ?a pour me rassurer… ? ?

? Je n'en sais rien, Jesse. Je dois t'ausculter et ce n'est ni le moment ni l'endroit. ? Elle avait baissé la voix à la fin de la phrase au point que Jesse dut prendre quelques secondes pour décrypter ce qu'elle avait d? vouloir dire. Alors il pouvait encore un moment se bercer d'espoir en attendant le diagnostic final. Voilà… s'accrocher à l'idée que ce n'était que temporaire, que demain, il serait de nouveau en état de passer un des tests de vision d'Angela pour qu'elle s'extasie sur ses yeux à la vision parfaite.

? Rapport ? la voix de Jack laissait entendre sa tension.

? On a été attaqué par un prototype de mécha. Genji est mal en point. McCree… pour l'instant, c'est difficile à dire mais Hanzo l'a amené en sécurité. ?

? Je survivrai, Doc. ? Oh, ils n'allaient pas déjà l'enterrer hein ? C'était temporaire ! Peut-être…

? Je n'en doute pas, mais tu restes loin du combat pour l'heure. On a eu le Faucheur de notre c?té et le labo est à disposition. ? conclut finalement Jack pour donner des nouvelles de son c?té aussi. Bon, au moins la mission semblait s'être conclu par un succès. En demi-teinte pour lui mais... un succès quand même.

? Très bien. La perte du prototype semble les avoir motivés à abandonner. C'est devenu calme ici. ?

? Ange, occupe-toi des blessés. Hanzo, Reinhardt, sécurisez le terrain. Les autres, venez là. ?

? Compris ?

? Re?u ?

Hanzo avait pris le soin d'entreprendre de déposer Jesse sur un morceau de mur à moitié calciné mais qui avait l'avantage d'offrir autre chose que le sol et de ne pas être juste à c?té de la zone ayant été secouée par les combats : on ne sait jamais si un survivant se trouvait soudainement des envies d'héro?sme. Ce n'est qu'à ce moment-là que Jesse capta la présence de Genji tout près, soutenu par Angela. Celui-ci avait juste grogné légèrement tout en s'asseyant aux cotés de l'américain, sans doute avec l'aide du médecin.

? Comment ?a va, Shimada junior ? ?

Genji eut un petit reniflement amusé.

? Les dég?ts sont matériels. Je survivrai comme tu le dis si bien. Je vais juste boiter jusqu'à ce qu'on puisse réparer. Merci pour tout à l'heure. Désolé, c'est ma faute si… ?

? ?a va, ?a va… te bille pas… ?a va aller. ?

? Je dois aller… ? la voix d'Hanzo était restée en suspens alors qu'il fixait McCree. Il ne pouvait nier combien le voir ainsi avait quelque chose de perturbant. Même si celui-ci ignorait le regard pesant pour lui, il releva la tête vers l'origine de la voix, un peu trop à droite. ? Je dois aller vérifier le secteur. ? Finit-il tout en soulevant son bras où la main droite de Jesse était toujours fermement accrochée.

? Ah oui… ? et l'américain avait l?ché sa prise mais on pouvait noter une certaine difficulté dans l'acte, comme s'il rechignait à perdre ce contact.

? Je reste là, Jesse. ? La voix d'Angela lui fit l'effet d'un coup de fouet.

? J'ai dit que ?a allait ! ? Ils allaient arrêter de le materner comme si… comme s'il était aveugle. Il serra les dents et se renfrogna. Une vague de doute lui compressa le c?ur. Et si c'était vrai, si c'était définitif… qu'est-ce qu'il allait faire de sa carcasse… Non, garder l'espoir, attendre d'avoir de vrais retours, ne pas se contenter d'être parano et imaginer le pire. Il paniquerait en temps et en heure. Pour l'instant, il devait rester calme.

Le voyage de retour pour McCree s'était fait avec Hanzo et Ange à bord d'un avion. Le changement de programme avait été obligatoire et rapide. Garder les identités qu'ils avaient à l'aller relevait de l'impossible. Ils avaient d? improviser. Installé entre les deux, dans un mutisme effrayant venant de lui, il s'était renfoncé dans son siège et n'avait guère bougé du voyage. Heureusement, il ne s'agissait que de quelques heures avant d'atterrir en Grèce où ils allaient installer leur nouveau quartier général le temps que les choses se stabilisent.

Angela avait parlé au début du voyage, comme pour lui assurer sa présence malgré le manque de contact visuel mais elle l'avait vu devenir plus sombre encore et avait considéré qu'il n'était sans doute pas d'humeur aux jacasseries. Assez logiquement mais, c'était Jesse et il lui arrivait d'avoir des réactions assez hors du commun. Alors elle s'était tut. Et Hanzo l'en aurait presque remercié.

Le long du chemin jusqu'à l'aéroport puis jusqu'à l'embarquement, Jesse s'était accroché au bras du japonais aussi discrètement que possible pour éviter de trop afficher son handicap. Chacun de ses gestes maladroits semblait comme une blessure à sa dignité.

Hanzo pouvait parfaitement comprendre cela. Lui-même imaginait difficilement sa réaction s'il avait d? subir cela. ?a ne l'empêchait pas d'être relativement gêné par cette proximité qu'il ne savait lui refuser. Quelques regards curieux dans leur direction avaient eu droit à un retour particulièrement sombre. Il voulait bien faire quelques sacrifices pour Jesse mais en revanche, il n'épargnerait pas les autres de son humeur massacrante.

Il surveillait l'américain du coin de l'?il avec une fatigue visible. Il était presque content qu'il ne le voit pas à cet instant, il était certain que Jesse se serait vexé d'avoir l'impression de lui inspirer de la pitié. Mais il se serait trompé. Enfin en partie. Non, c'était quelque chose de plus profond qui remuait Hanzo a cet instant, dans le silence total qui régnait entre eux. Et c'était aussi ?a qui lui faisait accepter cette main qu'il sentait effleurer son bras en un contact presque timide dès que celui-ci était possible. Ce qu'il ressentait à ce moment, c'était une dette : Jesse avait très certainement sauvé son frère.

Si, plusieurs mois plus t?t, quand il avait fait le déplacement pour rejoindre son frère, quelques semaines après que celui-ci soit venu le trouver à Hanamura, c'était la culpabilité plein le c?ur. Il s'en voulait cruellement et cela depuis longtemps maintenant. ?a le rongeait. De retour aux c?tés de son frère, il tentait tant bien que mal de rattraper d'une fa?on ou d'une autre ses erreurs et les années perdues.

Genji lui avait pardonné. Hanzo avait encore du mal à comprendre par quel miracle mais il avait pris ce cadeau offert par son frère. Il avait suivi ses conseils et choisit son camp : il avait décidé de le suivre et lui apporter son aide dans cette quête d'offrir au monde un peu de paix. Peut-être arriverait il à la trouver lui aussi au bout du compte.

Et voilà que Jesse avait fait ce qu'il aurait d? faire lui et avait évité que son frère ne disparaisse alors même qu'il venait tout juste de le retrouver. Voilà que l'américain avait agi pour sauver la peau de son frère alors que lui n'avait réussi qu'à le réduire à l'état où il était aujourd'hui, plus machine qu'humain. Alors s'il pouvait rattraper un petit peu son manquement à ses devoirs fraternels, il pouvait bien offrir un peu de soutien à celui qui venait potentiellement de sacrifier sa vue pour épargner son frère.

Il eut un profond soupir.

McCree y répondit sans même y faire attention sans doute. Finalement, cette journée aura été désastreuse.