Disclaimer : Les personnages ne m'appartiennent pas.

Note : Recueil d'OS écrits pendant les nuits HPF (une heure pour un texte sur un thème donné), d'où les formats et les ratings variables.

Univers : Après la troisième saison.

Rating : K+

Bonne lecture.


Attendre sur le quai de gare


Il a l'impression d'être dans l'un de ces fichus films romantiques où le couple d'amoureux se retrouve sur le quai de la gare. Sauf que Will est loin d'être en couple avec Hannibal et qu'il est ici pour l'arrêter, une bonne fois pour toutes. L'attirer à cet endroit n'a pas été si compliqué, il lui a suffi d'envoyer une lettre enflammée à son fou de psychiatre pour lui faire croire qu'il tenait réellement à le revoir. Apparemment, le Docteur Lecter est tombé dans le panneau, ce que Will a quand même beaucoup de mal à croire. Comment quelqu'un d'aussi doué qu'Hannibal pourrait se faire avoir aussi facilement par une ruse si stupide ? La seule solution envisageable pour une réponse est trop tordue pour le brun qui préfère la repousser. Après tout, penser que le cannibale puisse éprouver le moindre sentiment est un peu étrange.

Plusieurs trains passent, sans un signe de la part du psychiatre. Soit ce dernier est déjà descendu et Will ne l'a pas vu, soit il a finalement décidé de ne pas venir, ce qui décevrait quand même le brun. Il n'aime pas se déplacer pour rien, surtout depuis leur petite chute de la falaise. Les fractures ont été très nombreuses, très douloureuses à soigner et il en porte encore le mal lorsqu'il fait trop d'efforts. Les médecins lui ont dit d'attendre un peu, pour laisser le temps aux médicaments d'agir, mais Will déteste l'inactivité. Et il a souvent songé qu'Hannibal a sans doute subi le même sort que lui, qu'il continue à vivre sa vie sans se plaindre. Si l'ancien éventreur peut le faire, il n'y a aucune raison que lui-même n'y arrive pas. Ce serait trop humiliant d'être le seul à souffrir à haute voix alors il se tait, désormais.

Will hésite à prendre son téléphone portable pour envoyer un message à son psychiatre, ou simplement pour l'appeler. Que pourrait-il lui dire de toute manière ? Bonjour Hannibal, je suis là pour te tendre un piège, j'espère que tu ne tarderas pas trop . Non, non et non. Définitivement non. Autant être discret pour le moment et pourquoi ne pas en profiter pour replonger dans les souvenirs. Car c'est srement à cause de cela que le cannibale a accepté ce qui s'apparente à un rendez-vous. Quoi de mieux que de partager des moments vécus à deux autour d'un bon repas ? En priant bien sr pour que le repas soit cent pour cent végétarien et pour s'arranger qu'Hannibal ne s'approche pas une seule seconde des plats. Parce que même si c'était bon, Will n'est pas certain d'être prêt à manger à nouveau de la viande humaine.

Les pensées du brun vagabondent vers le passé, à une époque où il n'était qu'une marionnette entre les mains de son fou de psychiatre. Ils en ont vécu des instants étranges, à s'opposer l'un à l'autre, à créer une amitié basée sur le manque de confiance et sur les soupons. Combien de fois Will a-t-il essayé de prouver qu'Hannibal était bien le meurtrier que Jack Crawford recherchait ? Il avait été interné à la place du cannibale et il lui en voulait toujours. Cette période de sa vie n'était pas franchement la plus joyeuse, seuls ses chiens avaient pu prouver leur valeur. Quant au Docteur Lecter, il avait montré à de nombreuses reprises qu'il manipulait n'importe qui et n'importe comment. Il s'était forgé des alibis solides et avait disséminé des fausses preuves pour accuser son patient.

Puis il y avait eu le Dragon Rouge et quelque chose avait changé entre eux. Leur amitié était devenue ambigüe, à un point tel que Will avait commencé à se demander si Hannibal était capable ou non d'aimer. Le brun avait fini par se convaincre que le cannibale servait uniquement ses propres intérêts et qu'il n'y avait aucune raison d'évoquer le moindre sentiment. Quelqu'un qui tuait les autres en les considérant comme des animaux ne pouvait pas éprouver quelque chose. Mais le doute subsistait, si bien que Will s'était laissé emporter par ce qu'il vivait. Et comme il était trop tard pour faire machine arrière et qu'il avait tué un homme, il n'avait pas trouvé de meilleure solution que d'entraner Hannibal avec lui, les jetant tous les deux du haut de la falaise en priant pour mourir rapidement.

Avec une grimace, le brun revient dans le présent, repoussant ses souvenirs. La falaise n'était pas du tout une bonne idée, son corps le lui a bien fait comprendre. Il faut dire aussi que la chute a été très dure, le courant était violent et, avec leurs blessures, ce n'était pas très pratique de nager correctement. Pourtant, ils sont tous les deux encore en vie, Will attend Hannibal sur le quai de la gare, comme on peut attendre un ami après une longue absence. Un léger regret commence d'ailleurs à poindre, montrant le bout de son nez alors qu'il se dit qu'il n'aurait peut-être pas d envoyer cette lettre à son psychiatre. Pourquoi le déranger alors qu'ils pourraient chacun vivre leur existence sans devoir se soucier de l'autre ? Pour a aussi, Will a une réponse mais, là encore, elle ne lui convient pas, car elle serait elle-aussi synonyme de sentiments.

Un nouveau train fait irruption sur les rails et il s'arrête dans un grincement sinistre. Will dévisage chaque passager, espérant voir ce visage qui n'a pas quitté ses pensées depuis qu'il s'est réveillé à l'hpital. Pourquoi diable est-il si attiré par Hannibal ? C'est à cause de lui si tout a pris un mauvais tournant dans sa vie, il est là pour l'arrêter, pas pour lui ouvrir les bras en grand. Très vite, son regard croise celui de sa proie mais, tout aussi rapidement, le brun sent qu'il perd le contrle. Le Docteur Lecter arbore un sourire satisfait alors qu'il le rejoint, toujours aussi impeccablement vêtu d'un costume taillé sur mesure.

J'ai été surpris de ne recevoir une lettre que maintenant. Je suppose que je suis attendu pour finir à nouveau devant les juges.

Will comprend que, depuis le début, Hannibal sait la vérité. Mais il a accepté de venir quand même, ce qui retourne l'estomac du brun. Il ne peut pas vendre le cannibale aux forces de l'ordre, il a conscience de son incapacité soudaine. Alors il tente sa dernière carte, une porte de sortie mise en place quelques instants auparavant, avant de quitter sa demeure. Il sort de sa poche deux billets de train, promesse d'un nouveau départ, loin de leurs souvenirs, loin de leur passé.