Comme indiqué dans le résumé, ceci est un recueil de nouvelles sur la relation entre Spirou et Fantasio, ancrée dans des scènes plus ou moins brèves de leur quotidien. Je les écrirai au jour le jour, selon mes envies et ma motivation !

Je l'avoue - et je vous en avertis au cas où cela vous révulserait - pour ma part cela fait un moment que je les vois très bien en tant que couple ; cela ne veut pas forcément dire pour autant que leur relation sera développée comme telle systématiquement - parler simplement de leur complicité, c'est très bien aussi - mais il y en aura, c'est s?r - cette première nouvelle en contient, d'ailleurs. Vous voilà donc avertis.

Crédits : L'univers et les personnages ne m'appartiennent pas et restent la propriété de leurs auteurs respectifs. Seuls les nouvelles et les quelques personnages que j'ai créés m'appartiennent.

Résumé : Juste une pause-café au Journal, enfin cela dépend sans doute pour qui. Quand il y a le paraitre, ce que tout le monde voit, et la réalité, ce que l'on ressent réellement. Spirou aurait aimé qu'ils ne diffèrent pas.

Note : ce texte est un peu à part car j'utilise très peu le présent et la 1ère personne - la plupart de mes autres textes auront un aspect plus classique !

oOo

Un soupir en provenance de ta direction me fait lever la tête, et je te vois étirer les bras avec flegme avant de te lever de ton bureau. Je te suis du regard, caché derrière l'écran de mon ordinateur. La flèche clignote alors que je viens d'ouvrir une page, mais une fenêtre m'en bloque encore l'accès. Internet fonctionne mal ces derniers temps au Journal mais le réseau s'est rétabli il y a quelques minutes, fort heureusement. Pourtant, je n'y prête pas la moindre attention. Ma concentration s'est aussit?t ramenée vers toi, encore une fois, et je ne peux m'empêcher d'observer le moindre de tes gestes. Pour ne pas changer, encore une fois.

Notre amitié, aussi profonde soit-elle, ne suffit pas à justifier une telle obsession de ma part à ton égard. Mais je sais que dans mon c?ur, et ce depuis plusieurs mois déjà, tu signifies bien plus que cela pour moi, même si tu n'en as pas conscience. Et sans doute mieux vaut-il que tu ne le saches jamais.

– Je ne sais pas pour toi, Spirou, mais pour ma part, je sens que c'est la pause ! t'exclames-tu soudain en posant tes mains sur mon bureau juste en face de moi, ce qui fit vibrer le meuble.

Je sursaute au son de ta voix et me retiens de frissonner. Au lieu de cela, je me contente de redresser le visage et je hausse les sourcils pour donner le sentiment de n'être que blasé – ce qui est loin d'être le cas.

– Tu ne l'as pas déjà prise il y a une demi-heure ? rétorqué-je tandis qu'un sourire se glisse sur mes lèvres.

Tu secoues la tête, un air toujours aussi réjoui répandu sur ton visage.

– J'ai juste pris un café !

– Tu as discuté devant la machine pendant presque un quart d'heure, répliqué-je, amusé, tandis que je laisse tomber mon dos contre le dossier de mon siège.

Sa dureté me fait grimacer brièvement. J'oublie facilement que l'essentiel du mobilier ne dispose pas du confort que l'on trouve chez nous. Leur remplacement fait l'objet de débats au sein de l'entreprise, et si je suis plut?t favorable – certains meubles sont définitivement en train de tomber en désuétude –, je ne suis pas s?r que cela arrive un jour.

Tu ignores mon argument et le balaies d'un geste de la main tandis que l'autre jette une boulette de papier écrasée à la poubelle – sauf qu'elle la rate de peu et que le morceau tombe au sol.

– Tu exagères. Et puis, j'ai besoin d'aller aux toilettes. Et d'un autre café. Tu veux que je t'en ramène un au passage ?

– ?a ira, merci, réponds-je en me mordant la lèvre, tandis que mon c?ur bat plus vite.

Cela se produit à chaque fois que tu me proposes quelque chose, un service, un avis, ou autre chose, n'importe quoi ; chaque fois que tu m'invites à faire quelque chose, chaque fois que tu me regardes avec insistance, d'une fa?on qui me laisse imaginer une signification tout autre que la réalité et que je sais qui ne sera jamais ; chaque fois que l'on se retrouve seuls tous les deux, même. C'est ridicule. Je suis ridicule. Je nage dans le délire le plus total.

Et il semblerait que ce soit incurable.

– Dommage pour toi ! J'y vais, alors ! fais-tu avant de contourner ton bureau pour gagner le couloir.

En atteignant la porte, alors que mes yeux sont toujours posés sur toi, tu te retournes brusquement, le doigt pointé vers moi.

– S?r ?

Je roule des yeux.

– Mais bien s?r, imbécile !

Tu renifles avec dédain, faussement vexé, puis tu disparais rapidement de ma vue. Je ferme les yeux en même temps que mon c?ur se serre douloureusement. Comment continuer à agir avec toi comme si rien n'a changé alors que ce n'est pas vrai ?

Je les rouvre pour reporter mon attention sur mon écran, et je clique sur la croix pour accéder à la page voulue. Il me faut bien quelque chose pour occuper mon esprit et l'éloigner de toi – même si je sais d'ors et déjà que ma tentative est toujours vouée à l'échec, surtout comme nous travaillons ensemble et dans la même pièce. Mais il me faut bien cela pour garder une image de fa?ade convenable. Faire illusion, parce que c'est la seule option envisageable.